Les relations entre l’Algérie et le Maroc demeurent l’une des rivalités les plus anciennes du Maghreb. Depuis la guerre des Sables en 1963, la méfiance s’est installée entre les deux pays, alimentée par des différends territoriaux et politiques. La question du Sahara occidental, les divergences diplomatiques et la fermeture prolongée des frontières terrestres ont façonné un climat de tension persistant. Les récentes initiatives visant à apaiser les rapports n’ont, jusqu’à présent, produit que peu d’effets concrets.
Une médiation saoudienne au point mort
Alors que Riyad aurait tenté de rapprocher Alger et Rabat, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a écarté l’idée d’une reprise immédiate du dialogue. S’exprimant devant des responsables militaires, il a souligné que les appels, même fraternels, à rouvrir les frontières ne suffisaient pas à surmonter des décennies de désaccords. Il a rappelé que les frontières n’avaient pas été fermées uniquement à cause du dossier du Sahara occidental, mais en raison d’un ensemble de contentieux accumulés depuis l’indépendance. Pour le chef de l’État, les gestes de conciliation doivent s’appuyer sur la réalité plutôt que sur des « inventions », selon ses mots.
Cette position traduit une fermeté vis-à-vis des initiatives extérieures, même lorsqu’elles proviennent d’alliés traditionnels du monde arabe. L’Algérie entend affirmer son autonomie diplomatique et refuse de traiter la question marocaine sous pression, fût-elle amicale.
Des frontières qui symbolisent un désaccord profond
Les propos du président Tebboune révèlent l’ampleur du fossé entre les deux pays voisins: sur les soixante-trois années d’indépendance, Alger et Rabat ont vécu près de quarante-cinq années de rupture frontalière. Ce chiffre illustre un blocage structurel, bien plus ancien que les différends récents. Chaque tentative de médiation semble buter sur une méfiance réciproque, nourrie par des décennies de rivalités régionales et de divergences stratégiques.
La fermeture des frontières, devenue une donnée presque ordinaire pour les populations frontalières, empêche toute dynamique économique ou humaine durable. Malgré cela, le pouvoir algérien ne semble pas pressé de modifier sa position, estimant que la normalisation ne peut être envisagée qu’à des conditions de transparence et de respect mutuel.
Une impasse diplomatique persistante
La tentative de médiation saoudienne apparaît désormais compromise. L’Algérie privilégie une approche souveraine et met en avant les réalités historiques pour justifier sa prudence. De son côté, le Maroc poursuit une stratégie régionale tournée vers la coopération africaine et la reconnaissance internationale de sa position sur le Sahara occidental.
Ces orientations parallèles laissent entrevoir un statu quo prolongé. L’espoir d’une réouverture des frontières ou d’un apaisement durable reste suspendu à une éventuelle évolution politique, encore lointaine. Pour l’heure, la frontière algéro-marocaine demeure autant une ligne géographique qu’une frontière de principes.


