Le groupe ivoirien Atlantic Group prend le contrôle de la mine d’or de Tongon en Côte d’Ivoire après un accord conclu avec le géant canadien Barrick Gold. La transaction, qui inclut également plusieurs permis d’exploration, pourrait atteindre 305 millions de dollars, dont un versement initial de 192 millions comprenant le remboursement d’un prêt actionnaire de 23 millions. Le reste, soit jusqu’à 113 millions de dollars, dépendra de l’évolution des prix de l’or et de la conversion de nouvelles ressources sur une période de cinq ans.
Avant cette cession, Barrick détenait 89,7 % de la mine, l’État ivoirien 10 % et des investisseurs locaux environ 0,3 %. L’opération est soumise à l’approbation des autorités ivoiriennes et s’inscrit dans une dynamique de réorganisation stratégique du groupe canadien.
Atlantic Group se renforce tandis que Barrick revoit ses priorités
Pour Atlantic Group, cette acquisition marque une étape majeure dans sa diversification et renforce sa présence dans le secteur aurifère en Afrique de l’Ouest. Du côté de Barrick Gold, la décision s’insère dans un recentrage sur des actifs jugés plus stables et plus rentables, principalement en Amérique du Nord et en Amérique latine.
Le groupe a déjà dû faire face à des difficultés sur le continent africain. En Tanzanie, il a subi des litiges fiscaux prolongés. En République démocratique du Congo, des exigences accrues de contenu local et des tensions contractuelles ont pesé sur ses opérations. La cession de la mine de Tongon montre cette volonté de réduire l’exposition aux risques politiques et réglementaires en Afrique.
Le Mali, symbole des tensions croissantes de Barrick en Afrique
Le cas du Mali est particulièrement révélateur des défis auxquels Barrick est confronté. Le groupe y exploite le complexe Loulo-Gounkoto, dont il détient 80 % contre 20 % pour l’État malien. Depuis l’adoption d’un nouveau code minier en 2023, les relations se sont tendues : les autorités maliennes ont imposé des changements fiscaux, renforcé leur contrôle sur le secteur et pris des mesures coercitives contre l’entreprise.
En janvier 2025, le gouvernement a saisi environ trois tonnes d’or sur le site et le tribunal de Bamako a placé le complexe sous administration provisoire pour six mois. Cette situation a provoqué la suspension des opérations et une baisse de 32 % de la production industrielle d’or du Mali à la fin août 2025.
Barrick a contesté ces décisions et engagé une procédure d’arbitrage international devant le CIRDI, estimant que ces mesures portent atteinte à ses droits d’investisseur. Cette crise, conjuguée aux pressions réglementaires et au départ de son PDG Mark Bristow, fragilise encore davantage sa position sur le continent.
Ces difficultés récurrentes posent la question d’un possible désengagement progressif de Barrick Gold en Afrique. La cession de la mine de Tongon, ajoutée aux tensions au Mali, apparaît comme un signal fort d’un recentrage stratégique vers des régions offrant un environnement plus prévisible et des conditions d’exploitation plus favorables.



