Course effrénée vers l'argent facile : Quand l'ambition de jeunes béninois se heurte au prix du sang

La quête de la réussite sociale et de l’aisance matérielle a toujours été un moteur de la jeunesse. Au Bénin, cette aspiration prend toutefois une tournure alarmante. Une course effrénée et décomplexée vers l’argent facile pousse de plus en plus de jeunes dans les bras de pratiques occultes et spirituellement douteuses, promettant des fortunes rapides mais exigeant, en contrepartie, un prix humain effroyable. Derrière le rêve d’enrichissement se cache souvent un cauchemar de mort, d’emprisonnement ou de damnation.

Dans la société béninoise la réussite est souvent matérialisée par la possession ostentatoire : voitures de luxe, villas imposantes, voyages incessants, présence régulière dans les bars… Ce culte de l’apparence, amplifié par les réseaux sociaux qui exposent des modèles de succès souvent sans effort visible, crée une pression insoutenable sur la jeunesse. L’impatience et le rejet des voies traditionnelles d’enrichissement (études, travail acharné, entrepreneuriat progressif) conduisent à privilégier les raccourcis.

C’est dans cette brèche que s’engouffrent de nouvelles formes de pratiques occultes, plus sophistiquées et parfois plus létales que les anciennes. Si la lutte contre les « faux kinninsi » avait permis de freiner une vague de délinquance et d’escroquerie, les pratiques actuelles s’inscrivent dans une dimension plus sombre et spirituellement plus contraignante. On parle de Gbéwa ici, Isholè là et d’autres encore.

Des pactes aux conséquences irréversibles

Ces nouvelles pratiques s’articulent souvent autour de pactes ou de contrats occultes conclus avec des individus se réclamant de puissances spirituelles. Ces marabouts, spécialistes ou gourous, promettent l’opulence grâce à des rituels complexes ou des sacrifices. Le postulat de base est simple et séduisant : l’échange d’une partie de la vie, de l’espérance de vie, ou de la vie d’un proche contre un flux d’argent ininterrompu.

Les conséquences sont malheureusement visibles et documentées : morts subites et suspectes, sacrifices humains, destins brisés. De nombreux jeunes, souvent actifs et en bonne santé, disparaissent ou décèdent subitement dans des circonstances mystérieuses. Les rumeurs, souvent corroborées par des aveux ou des récits, pointent du doigt le non-respect des clauses du contrat occulte ou l’expiration du temps imparti. L’exigence de livrer un proche (parent, enfant, frère) à la mort pour alimenter la richesse est l’aspect le plus macabre de ces pratiques. Ces actes, qui relèvent du crime rituel, détruisent non seulement des vies innocentes mais brisent également le tissu familial et social. Même les pactes qui ne conduisent pas à la mort immédiate peuvent entraîner une réduction drastique de l’espérance de vie, des maladies inexpliquées, une folie soudaine, ou l’incapacité de jouir de la richesse acquise, plongeant la victime dans une misère spirituelle et psychologique profonde.

La particularité de ces pratiques est qu’elles exigent une contrepartie spirituelle jugée proportionnelle à la fortune désirée. Plus l’ambition est grande, plus le sacrifice est lourd. L’enrichissement n’est plus le fruit d’un effort, mais une dette spirituelle dont le taux d’intérêt est l’âme ou le sang.

Une menace pour le développement national

Au-delà des drames individuels et familiaux, cette course au gain facile constitue une menace sérieuse pour le développement du Bénin. Premièrement, elle démoralise la jeunesse travailleuse. L’honnêteté et la persévérance semblent ne plus payer, incitant de nombreux jeunes à abandonner l’école ou les projets d’entreprise légaux pour se tourner vers ces raccourcis illusoires. L’énergie et l’ingéniosité de toute une génération sont ainsi gaspillées dans des chimères occultes, au lieu d’être investies dans la construction nationale.

Deuxièmement, elle accroît l’insécurité et la criminalité. Les exigences des pactes conduisent souvent à des vols, des escroqueries, voire des enlèvements et des meurtres rituels, fragilisant l’ordre public et le sentiment de sécurité des citoyens. Troisièmement, elle mine les valeurs morales de la société. L’acceptation, même tacite, que la richesse puisse s’acquérir par la mort ou la sorcellerie dégrade le socle éthique du Bénin et normalise des comportements criminels.

Appel à la conscience et à la responsabilité

Il est urgent que les autorités, les leaders d’opinion, la société civile et les chefs religieux s’unissent pour combattre ce fléau. Le message doit être clair et unanime : les pratiques qui tuent ne peuvent pas enrichir. La seule richesse véritable et durable est celle qui est acquise par le travail honnête, la créativité et le respect de la vie humaine. Les services de sécurité et la justice doivent intensifier la traque et la répression des réseaux de charlatans et de criminels rituels, en appliquant des peines dissuasives. Les parents et les éducateurs doivent restaurer le culte de l’effort, de la patience et des valeurs morales, offrant des modèles de réussite basés sur l’intégrité plutôt que sur l’opulence subite.

Les médias ont la responsabilité d’arrêter de glorifier les fortunes d’origine douteuse et de déconstruire l’illusion de l’argent facile, en promouvant les parcours d’entrepreneurs légitimes et en sensibilisant aux dangers de l’occultisme criminel. La jeunesse béninoise est une force vive, capable de bâtir un avenir prospère. Elle ne doit pas se laisser berner par des mirages qui, au lieu de l’enrichir, l’entraînent vers l’abîme. Il est temps de mettre fin à cette dictature de l’avoir à tout prix et de redonner au travail et à l’intégrité leur juste place dans la quête de la réussite.

3 réflexions au sujet de “Course effrénée vers l'argent facile : Quand l'ambition de jeunes béninois se heurte au prix du sang”

  1. Il n’y a aucun bienfait de la Sorcellerie, Vaudou, Lègba et autres forces basses dont certains béninois/ses s’adonnent n’est qu’une idolâtrie en son genre.
    Que Akakpo Mahougnon nous énumère les grands bienfaits de la sorcellerie tout court.

    Mahu léh
    Néh Mahu anun miabéh sousouméh
    Néhmian-fun anun dakpéh néh Mahu

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  2. Quand c’est l’État lui-même qui fait la promotion des égarés de vodouns, envoie Kakpo à l’assemblée nationale pour vanter aux députés ses soi-disant bienfaits de la sorcellerie, que l’État utilise les jeunes à des fins de kidnapping d’opposants insignifiants et d’autres sales besognes par le moyen de corruption, à quoi faut-il s’attendre ?

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  3. Il suffit de passer des lois interdisant de telles pratiques sur le territoire et foutre derrière les barreaux les faux marabouts ou gurus. Celui/celle qui court dans le sentier facile de la vie risque fort bien de tout perdre voire sa vie.

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