Pékin a fait de l’intelligence une arme de conquête silencieuse. Entre agents officiels, entreprises sous couverture et citoyens instrumentalisés, la Chine déploie un réseau tentaculaire pour affaiblir ses rivaux et renforcer son emprise économique et politique.
L’affaire des trois espions présumés de Hong Kong, démasqués au Royaume-Uni en mai 2024, n’est qu’un exemple parmi d’autres de cette stratégie agressive. Chaque révélation confirme un peu plus l’ampleur d’un dispositif conçu pour peser sur les équilibres mondiaux, bien au-delà des frontières traditionnelles du renseignement.
Une guerre discrète aux enjeux colossaux
Une enquête de l’Unité 42 (Palo Alto Networks) lève le voile sur une campagne d’infiltration durable orchestrée par des hackers chinois. Leur cible ? Les messageries de ministères des Affaires étrangères, où ils ont exfiltré des échanges confidentiels en exploitant des failles dans Microsoft Exchange.
Leur obsession : décrypter les coulisses de la diplomatie, comme en témoigne leur intérêt marqué pour le forum sino-arabe de 2022 à Riyad. Les pirates, méthodiques, traquent les mentions du président chinois et de son cercle rapproché, preuve d’une volonté de cartographier en temps réel les alliances et les négociations.
Les victimes, non nommées dans le rapport, correspondent pourtant aux priorités géostratégiques de Pékin. Le groupe Phantom Taurus, derrière ces attaques, agit avec une précision chirurgicale, synchronisant ses offensives avec les grands rendez-vous internationaux. Si aucun document ne prouve officiellement son lien avec l’État, la complexité des méthodes (infiltration furtive, extraction ciblée) laisse peu de doutes sur une origine étatique.
Diplomates en ligne de mire
Les chancelleries sont en première ligne. Depuis 2021, la campagne Salt Typhoon, attribuée à des acteurs chinois, a touché une soixantaine de pays, visant télécoms, transports et même hôtellerie pour intercepter communications et déplacements officiels. Pékin dément, retournant les accusations contre les États-Unis, mais les faits sont pourtant là. En novembre 2024, le smartphone d’un haut fonctionnaire français a par exemple été par hameçonnage. Ces attaques révèlent une vulnérabilité structurelle des élites face à des adversaires maîtrisant l’art de la guerre numérique.


