La mémoire d’un pays ne se limite pas aux documents officiels ou aux récits étrangers. Pour de nombreux pays africains, l’histoire telle qu’elle a été racontée pendant longtemps provient principalement de sources occidentales, laissant souvent de côté la voix des populations locales et les nuances de leurs expériences. C’est pour rectifier cette perspective que le Niger amorce un projet ambitieux : confier aux Nigériens eux-mêmes la tâche d’écrire leur propre histoire.
Une initiative nationale pour réécrire l’histoire
Samedi dernier, le président Abdourahmane Tiani a réuni au Palais de la Présidence les membres du Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie (CNSP) ainsi que le comité ad’hoc chargé de la rédaction de l’Histoire du Niger. La rencontre a été l’occasion de rappeler l’importance de transmettre aux générations futures un récit fidèle, construit dans le respect de la vérité et de la dignité nationale.
Pour le chef de l’État, il s’agit de redonner au peuple nigérien le contrôle sur sa mémoire collective. “Il est essentiel que les jeunes Nigériens puissent se reconnaître dans leur propre histoire et comprendre la trajectoire de leur nation à travers leurs propres yeux”, a-t-on expliqué auprès de sources officielles. Cette approche se veut à la fois pédagogique et citoyenne, en mettant l’accent sur la responsabilité de chacun dans la préservation de la mémoire nationale.
Donner la parole aux Nigériens
Le projet n’est pas simplement une opération de compilation de faits historiques. Il vise à rassembler les voix des historiens, chercheurs, mais aussi des témoins et citoyens ordinaires, pour construire un récit qui reflète la diversité des expériences à travers les décennies. À l’instar de certains pays qui ont entrepris de revisiter leur passé pour inclure toutes les communautés, le Niger cherche à créer un récit inclusif qui dépasse les représentations partielles héritées du passé colonial.
Les participants à la réunion ont réaffirmé leur engagement à soutenir les travaux du comité, conscients que l’histoire est un outil de cohésion et de compréhension collective. L’objectif n’est pas seulement de documenter le passé, mais aussi de renforcer l’identité nationale et d’inciter chaque citoyen à réfléchir sur sa place dans l’évolution de la société nigérienne.
Une histoire pour inspirer demain
Au-delà de la simple documentation, cette démarche ouvre la voie à un récit vivant et participatif, capable de nourrir la réflexion des générations futures et de renforcer le sentiment d’appartenance à une nation. La tâche est ambitieuse, mais elle traduit une volonté claire : offrir au Niger une histoire façonnée par ses habitants, pour ses habitants, et assurer que la mémoire nationale ne soit pas l’apanage des autres.
Le projet pourrait également inspirer d’autres pays de la région à réexaminer leur passé et à permettre à leurs citoyens de prendre la plume pour raconter leur propre histoire. L’écriture de l’Histoire du Niger n’est pas seulement un exercice académique, c’est un geste de souveraineté culturelle, où chaque page devient un témoignage de l’identité et de la résilience du peuple nigérien.



