Quelques mois après son retour sur le marché béninois, Yango affiche ses ambitions. Dans un entretien exclusif accordé à La Nouvelle Tribune, Kadotien Soro, Directeur Régional de Yango – Afrique Francophone, détaille la stratégie de l’entreprise : ancrage local, partenariats renforcés, innovation technologique et accompagnement des chauffeurs partenaires. Objectif affiché : bâtir une mobilité moderne, inclusive et durable au Bénin.
1. Monsieur Soro, cela fait maintenant sept mois que Yango a relancé ses activités au Bénin. Quel bilan dressez-vous de cette reprise ?
Le bilan est très positif. Depuis mars 2025, nous avons observé un réel engouement des usagers pour notre service. La plateforme s’est rapidement installée dans les habitudes de mobilité à Cotonou. Du côté des chauffeurs partenaires, la collaboration s’est renforcée et les retours utilisateurs confirment une nette amélioration de l’expérience client.
2. Quelles ont été les principales étapes ou actions structurantes menées depuis votre retour sur le marché béninois ?
Trois priorités guident notre action :
● La conformité réglementaire : nous avons consolidé notre ancrage juridique auprès des autorités béninoises.
● La structuration locale : Yango opère désormais avec une entité béninoise, assurant une meilleure réactivité sur le terrain.
● Le renforcement des partenariats : nous avons multiplié les sessions d’onboarding pour les partenaires et instauré un dialogue régulier avec les parties prenantes.
3. Avez-vous constaté une évolution de la perception de Yango auprès des usagers, des conducteurs partenaires et des parties prenantes locales ?
Oui, très clairement. Les usagers plébiscitent la fiabilité et l’accessibilité du service. Les chauffeurs partenaires apprécient notre transparence, nos formations et l’accompagnement continu que nous leur proposons. Du côté institutionnel, notre collaboration ouverte et régulière avec les autorités contribue à positionner Yango comme un acteur sérieux et responsable du secteur.
4. Comment Yango se positionne-t-il aujourd’hui dans le secteur du transport urbain au Bénin ?
Yango est une alternative technologique innovante qui structure la mobilité urbaine de manière efficace. Nous offrons un service sûr, rapide et accessible, adapté à une population jeune et connectée. Notre ambition est de devenir un acteur technologique incontournable de l’écosystème de la mobilité urbaine au Bénin.
5. En quoi votre modèle se distingue-t-il des autres plateformes de mobilité présentes sur le marché ?
Notre modèle repose sur un partenariat fort avec des entreprises locales de transport, que nous accompagnons dans le développement et la professionnalisation de leurs activités. Avec Yango, ces opérateurs de flotte peuvent agrandir leur parc et générer davantage de revenus. De leur côté, les chauffeurs trouvent plus d’opportunités de revenus en travaillant avec ces partenaires, qui leur offrent un soutien de proximité au quotidien – que ce soit pour la location de véhicules ou la gestion opérationnelle. À cela s’ajoute la valeur ajoutée de notre technologie, qui assure des prix transparents pour les usagers, ainsi qu’un service fiable et sécurisé avec des fonctionnalités de sécurité comme le partage d’itinéraire ou le bouton SOS. C’est cette combinaison entre plateforme technologique performante et développement du tissu entrepreneurial local qui fait la singularité de Yango sur le marché béninois.
6. Quel rôle Yango entend-il jouer dans le développement d’une mobilité urbaine intelligente, durable et inclusive au Bénin ?

Nous souhaitons jouer un rôle structurant. Une mobilité intelligente, c’est une mobilité planifiée, digitalisée et centrée sur l’expérience utilisateur. Notre plateforme contribue déjà à réduire les temps d’attente pour avoir un moyen de transport à Cotonou, à améliorer la sécurité des trajets et à formaliser l’activité des chauffeurs partenaires. À l’avenir, nous explorerons aussi des solutions durables, notamment autour de la mobilité électrique et partagée.
7. Le retour de Yango s’est inscrit dans un contexte réglementaire sensible. Quelles actions concrètes avez-vous mises en œuvre pour vous aligner sur les exigences locales, et comment se déroule aujourd’hui votre collaboration avec les autorités béninoises ?
Notre collaboration est fluide et constructive. Nous avons une structure locale, nous partageons les informations nécessaires et instaurons un dialogue permanent avec la Direction des Transports Terrestres. L’objectif est commun : professionnaliser et structurer durablement le secteur de la mobilité urbaine grâce à la technologie.
8. Êtes-vous favorable à un cadre réglementaire spécifique à la mobilité numérique, et quelle vision portez-vous à ce sujet ?
Oui, absolument. Et plus globalement, afin de soutenir le développement du secteur, un cadre adapté aux spécificités des plateformes numériques est également essentiel pour protéger les usagers, encadrer les opérateurs et encourager l’innovation. Yango est prêt à contribuer à cette réflexion de manière constructive, en partageant ses bonnes pratiques et son expérience régionale.
9. Quel est aujourd’hui l’impact économique de Yango pour les conducteurs partenaires, et comment les accompagnez-vous dans leur professionnalisation, l’adoption des outils numériques et leur protection sociale ?
Yango permet aujourd’hui à des centaines de chauffeurs partenaires de générer des revenus réguliers et formalisés. Certains peuvent aller jusqu’à 800 000 FCFA par mois, selon leur niveau d’activité, ce qui représente une véritable opportunité économique. Au-delà des revenus, nous les accompagnons dans leur professionnalisation à travers des formations régulières (sécurité, utilisation de l’application, gestion de la relation client), un support disponible 24/7, ainsi qu’un système de notation transparent qui valorise la qualité du service. Par ailleurs, nous sommes en pleine expansion de notre base de partenaires locaux. Plusieurs opérateurs ont déjà choisi d’investir dans de nouveaux véhicules pour rejoindre notre écosystème, contribuant ainsi à dynamiser l’économie locale et à créer encore plus d’opportunités d’emploi. Nous anticipons l’arrivée de nombreux autres partenaires dans les prochains mois, ce qui renforcera davantage notre impact économique. Enfin, notre ambition est de structurer durablement le secteur en facilitant, à terme, l’accès de nos partenaires et chauffeurs à des mécanismes de protection sociale. 10. Yango a-t-il initié ou soutenu des projets à fort impact dans les communautés locales depuis sa reprise d’activité au Bénin ?
Nous sommes encore dans une phase de consolidation, mais des projets communautaires sont à l’étude. Notre approche est pragmatique : agir en fonction des besoins identifiés localement. À l’échelle régionale, Yango soutient déjà des initiatives dans les domaines de l’éducation, de la technologie et du sport, avec des programmes tels que le Yango Fellowship, nos hackathons de data science en partenariat avec Zindi Africa, ou encore le soutien à des projets sportifs comme Casy Foot ou Fighters NextGen. Ces expériences serviront de modèle pour le Bénin.
11. Quelle est la vision à long terme de Yango pour le marché béninois ?
Notre vision est claire : nous ancrer durablement comme un acteur technologique de référence et contribuer à bâtir une mobilité moderne, inclusive et structurée. Nous voulons faire du Bénin un modèle de réussite de la mobilité urbaine en Afrique francophone.
12. Quelles innovations ou évolutions peut-on attendre de votre part dans les prochains mois, tant sur le plan technologique que sur celui des services proposés ?
Plusieurs évolutions sont en cours afin de mieux répondre aux besoins du marché béninois. Nous renforçons nos partenariats avec les opérateurs de flotte pour les accompagner au développement de leurs parcs et ainsi répondre à la demande croissante des utilisateurs. Dans cette même logique d’adaptation locale, nous avons récemment commencé à tester la commande de motos et de tricycles directement depuis l’application Yango, en complément des voitures déjà disponibles. Parallèlement, nous travaillons à élargir les options de paiement via le mobile money, afin de faciliter l’accès au service pour le plus grand nombre. Enfin, plutôt à moyen terme, nous envisageons d’introduire des services complémentaires comme la livraison, et pourquoi pas des solutions de mobilité verte.
13. Enfin, quel message souhaiteriez-vous adresser aux autorités, aux médias et au grand public béninois concernant l’engagement de Yango dans le pays ?
Je souhaite réaffirmer l’engagement ferme et durable de Yango au Bénin. Nous sommes là pour investir, accompagner et co-construire avec l’ensemble des parties prenantes. Nous remercions les autorités pour leur écoute, les médias pour leur rôle d’information, et les usagers pour leur confiance. Ensemble, nous pouvons bâtir un modèle de mobilité qui inspire et transforme.
Interview réalisée par Armel Tognon



