Le sort d’un bébé gorille nommé Zeytin provoque une querelle diplomatique inattendue entre la Turquie et le Nigeria. Ce primate, intercepté à l’aéroport d’Istanbul fin 2024, devait initialement être acheminé vers la Thaïlande. Depuis, il est devenu un symbole de la lutte contre le trafic d’animaux sauvages, mais aussi un enjeu de prestige entre deux pays qui revendiquent sa garde.
Une affaire diplomatique à partir d’une caisse en bois
Tout est parti d’une simple saisie à l’aéroport d’Istanbul. Les douaniers turcs y ont découvert un petit gorille enfermé dans un conteneur en provenance du Nigeria. Rebaptisé Zeytin (“olive” en turc), l’animal a été confié au zoo de Polonezköy, près d’Istanbul, où il reçoit aujourd’hui des soins spécialisés.
Les autorités nigérianes, soutenues par la Fondation Pandrillus, ont exigé le retour de Zeytin, affirmant qu’il provenait du territoire nigérian. Mais la Turquie s’y est opposée, estimant que l’animal n’était pas originaire du Nigeria. Une expertise génétique a confirmé que le gorille appartenait à la sous-espèce des gorilles des plaines de l’Ouest, absente du Nigeria. Ankara s’appuie sur ce résultat pour justifier sa décision de garder l’animal sur son sol.
Cette conclusion n’a pas convaincu Abuja. Les autorités nigérianes dénoncent une interprétation “convenable” des règles de la CITES, la convention internationale qui encadre le commerce des espèces protégées. Elles estiment que la Turquie a privilégié une lecture administrative à la coopération environnementale.
L’attrait persistant des zoos étrangers pour la faune africaine
Depuis plusieurs décennies, les espèces africaines rares — lions, girafes, gorilles ou pangolins — sont particulièrement recherchées par les zoos d’Asie et d’Europe. Si certains établissements affirment agir au nom de la conservation, de nombreuses ONG rappellent que ces transferts privent les pays africains de leur patrimoine naturel. Chaque animal exporté représente une perte génétique et économique, et alimente souvent des filières illégales où se mêlent contrebande et corruption.
Le cas de Zeytin montre le déséquilibre persistant entre les pays détenteurs de la biodiversité et ceux qui la commercialisent ou l’exposent.
Entre éthique et souveraineté
Pour la Turquie, l’affaire Zeytin relève avant tout de la protection animale. Le pays a mis en avant les soins prodigués au jeune gorille, assurant qu’il serait mieux pris en charge à Istanbul qu’en transit dans un environnement instable. Le Nigeria, de son côté, voit dans cette décision une atteinte à sa souveraineté et une dérive paternaliste : refuser la restitution équivaudrait, selon lui, à légitimer un prélèvement d’espèce hors d’Afrique.
Derrière ce différend zoologique se joue une question plus large de responsabilité internationale. Le traitement réservé à Zeytin pourrait influencer d’autres affaires de saisie d’animaux protégés, notamment en Asie du Sud-Est, où les trafics restent très actifs.
Zeytin, lui, grandit désormais loin de sa terre d’origine supposée, au cœur d’un débat diplomatique qui dépasse largement son enclos. Entre intérêts scientifiques, enjeux juridiques et rivalités nationales, ce petit gorille rappelle que la préservation de la faune africaine reste un terrain fragile, où la compassion et la politique ne marchent pas toujours du même pas.




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