Liberté religieuse en péril : Deux-tiers du monde touché par la persécution

La liberté religieuse, pourtant garantie par l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, connaît une dégradation alarmante à l’échelle mondiale. Selon le dernier rapport (2023-2024) de l’organisation Aide à l’Église en Détresse (AED), 5,4 milliards de personnes, soit les deux tiers des habitants de la planète, vivent dans des pays où cette liberté fondamentale est bafouée.

Le rapport, qui suit l’évolution de la liberté de conscience et de religion depuis 25 ans, dresse un état des lieux sombre. Sur les 196 États examinés, 24 pays persécutent ouvertement les croyants (toutes confessions confondues), affectant 4,1 milliards de personnes. La situation s’est aggravée dans 75% de ces pays, 38 autres nations imposent une discrimination religieuse à leurs citoyens, touchant 1,3 milliard d’individus.

Les menaces sont multiples, provenant principalement de régimes autoritaires. Viennent ensuite les violences jihadistes en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient, ainsi que le nationalisme religieux promu par des gouvernements (en Inde pour l’hindouisme, en Birmanie pour le bouddhisme).

La liberté religieuse est également mise en danger par des organisations criminelles (au Mexique, en Haïti, au Nigeria), qui n’hésitent pas à éliminer physiquement des membres du clergé dénonçant le crime organisé. Par ailleurs, les conflits armés, comme celui dans la bande de Gaza, exacerbent les actes antisémites et antimusulmans. En Occident, les actes antichrétiens (profanations, agressions) sont aussi en hausse.

Une nouveauté majeure soulevée par le rapport concerne l’utilisation de l’Intelligence Artificielle (IA) par certains régimes (notamment en Corée du Nord et au Pakistan) comme outil de répression. Les technologies numériques permettent aux États de censurer, d’intimider ou de criminaliser les croyants, transformant la foi en « une menace perçue pour la sécurité ». L’IA vient renforcer la surveillance omniprésente et la législation restrictive.

Le document insiste enfin sur la double vulnérabilité des femmes et filles issues de minorités religieuses, victimes d’enlèvements, de conversions et de mariages forcés dans des pays comme le Pakistan, l’Égypte ou le Mozambique.

Malgré tout, le rapport sur la liberté religieuse d’Aide à l’Église en détresse pour la période 2023-2024 met en lumière l’« indéfectible » résilience des communautés religieuses qui agissent comme artisans de paix, prouvant que la liberté religieuse peut être le « fondement à l’unité et sauvegarder la dignité humaine ».

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