Marchés carbone : La SIPI et la CDC Bénin outillent le secteur privé

La Société d’investissement et de promotion de l’industrie (SIPI Bénin), en partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations du Bénin (CDC Bénin), la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) et la West African Alliance for Carbon Markets and Climate Finance a lancé le jeudi 2 octobre à Cotonou un atelier de deux jours consacré aux marchés de crédits carbone.

Basé sur le thème « Les marchés carbone : des opportunités d’affaires et d’engagement pour le secteur privé béninois », cet atelier a pour objectif de sensibiliser et d’outiller les acteurs privés béninois afin qu’ils puissent mieux tirer profit des opportunités offertes par ce secteur en pleine expansion.

Pendant deux jours, les participants seront introduits aux mécanismes du marché carbone et à l’Accord de Paris, découvriront le cadre national béninois en la matière, apprendront les étapes de montage de projets carbone et analyseront des exemples concrets déjà mis en œuvre ailleurs en Afrique. Le deuxième jour sera consacré à un atelier clinique sur des cas pratiques, avec pour objectif l’élaboration d’une feuille de route pour la mise en œuvre de projets carbone au Bénin. « Il ne s’agit pas seulement de théorie. Nous voulons que cet atelier soit une opportunité unique de passer de la connaissance générale à l’application concrète », a déclaré la directrice générale de la CDC Bénin, Maryse Lokossou. Pour elle, l’enjeu est de transformer les projets financés en leviers de réduction d’émissions et de création de revenus additionnels, grâce à une meilleure maîtrise des mécanismes volontaires et de conformité du marché carbone.

Létondji Béhéton, directeur général de la SIPI Bénin, a rappelé le rôle stratégique de sa société, fruit d’un partenariat entre l’État béninois et le groupe ARISE, dans la conception et le développement de zones industrielles compétitives. Il a mis en avant les investissements réalisés par ARISE dans le domaine du carbone, notamment dans Crystalchain, entreprise spécialisée dans la traçabilité du carbone, Okala, leader dans le monitoring de la biodiversité, Sequoia, développeur de projets carbone, d’agroforesterie et d’énergie et l’acquisition de 35% de AERA, leader dans le développement de projets carbone.

Il a également cité l’exemple de Bénin Cashew, implanté dans la zone industrielle de Glo-Djigbé, qui a initié un projet carbone susceptible de générer plus de 300 000 tonnes de CO₂ valorisables en crédits carbone sur une décennie. Il a souligné que la participation du secteur privé reste freinée par un déficit d’informations et de compétences techniques.

 Selon Jonathan Dosseh, représentant de l’Alliance Ouest-Africaine pour les marchés carbone et la finance climat, les marchés carbone représentent une véritable opportunité de financement, d’innovation technologique et de valorisation des efforts de réduction. Il a précisé que leur réussite repose largement sur l’implication des acteurs économiques, rappelant que les entreprises et les investisseurs détiennent une part essentielle du potentiel de transition vers des modèles sobres en carbone. Il estime que cet atelier vient à point nommé pour dialoguer, sensibiliser et co-construire avec le secteur privé béninois en vue d’une participation active.

En 2023, la valeur du marché mondial du carbone a atteint près de 949 milliards de dollars Us dont 87% concentrés en Europe. En Afrique, le potentiel est estimé à plus de 50 millions de tonnes équivalent CO₂ par an, dans des secteurs comme l’énergie, l’agriculture, la foresterie et la gestion des déchets. L’Africa Carbon Markets Initiative estime que le continent pourrait mobiliser jusqu’à 6 milliards de dollars US de revenus annuels grâce à ce marché.

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