Plus de 8,7 millions d’Ivoiriens ont été appelés à voter ce 25 octobre 2025 pour élire leur président. Derrière ce rendez-vous électoral, la compétition a pris des allures de confrontation politique entre le pouvoir d’Alassane Ouattara et une opposition fragmentée mais déterminée à dénoncer un processus jugé inéquitable.
Des candidatures rejetées et une opposition en retrait
Le Conseil constitutionnel, en septembre, a validé cinq candidatures, dont celle du président sortant Alassane Ouattara, candidat à un quatrième mandat, aux côtés de Jean-Louis Billon, Simone Ehivet, Henriette Lagou et Ahoua Don Mello. En revanche, les dossiers de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam ont été rejetés par la justice, alimentant les critiques de l’opposition qui évoque une élection verrouillée. Ces deux figures, unies depuis juin autour d’un projet d’alternance, avaient symbolisé un espoir de renouvellement politique avant leur exclusion.
Face à cette décision, plusieurs partis d’opposition ont appelé leurs partisans à ne pas se rendre aux urnes, qualifiant la consultation d’« exclusion organisée ». Laurent Gbagbo, dans une interview au journaliste Alain Foka, a qualifié le scrutin de « braquage électoral », estimant que les institutions n’offraient plus de garanties d’impartialité.
Le poids des précédentes crises électorales
La méfiance actuelle trouve ses racines dans les tensions des scrutins passés. L’élection de 2010, qui avait opposé Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, avait dégénéré en crise politique majeure, faisant plusieurs milliers de morts. Dix ans plus tard, en 2020, la candidature d’Ouattara pour un troisième mandat avait déjà provoqué des violences, entraînant plus de 80 morts selon les bilans officiels. Ces épisodes ont durablement marqué la société ivoirienne et fragilisé la confiance envers les institutions électorales.
Un vote décisif pour l’avenir du pays
Le scrutin du 25 octobre s’est déroulé entre 8 heures et 18 heures, sous la surveillance d’observateurs nationaux et internationaux. Le dépouillement a débuté dans la soirée, étape décisive d’un processus dont les résultats sont très attendus. Malgré les appels au boycott, la participation sera un indicateur clé de la légitimité du prochain président.
Au-delà des chiffres, cette élection met à l’épreuve la capacité du pays à renouer avec une vie politique apaisée. Si le pouvoir revendique la stabilité comme gage de continuité, ses détracteurs plaident pour une ouverture démocratique réelle. Le verdict des urnes dira si la Côte d’Ivoire s’engage sur la voie de la consolidation institutionnelle ou si elle reste prisonnière de ses fractures politiques.



