Au Forum Global Gateway de Bruxelles, Félix Tshisekedi a surpris en appelant Paul Kagame à renouer le dialogue, espérant ouvrir une nouvelle voie vers la paix entre la RDC et le Rwanda. Ce geste, aussitôt rejeté par Kigali, a provoqué un débat houleux à Kinshasa. Certains y ont vu un signe d’apaisement malvenu face à un voisin jugé hostile, d’autres une tentative courageuse de sortir d’une impasse diplomatique qui dure depuis des mois. Face à ces réactions contrastées, le chef de l’État congolais a tenu à défendre publiquement sa position.
Une paix revendiquée comme un signe de force
S’adressant à la communauté congolaise de Belgique, Tshisekedi a tenu à clarifier le sens de son initiative. Selon lui, chercher la paix ne traduit pas une faiblesse, mais une forme de courage politique. Le président affirme qu’il ne s’agit pas d’un renoncement, mais d’un choix réfléchi pour sortir de l’impasse régionale. Il a rappelé qu’il avait déjà prouvé sa fermeté à plusieurs reprises et que ses efforts avaient contribué à placer la question congolaise au centre des discussions internationales, notamment dans les démarches de médiation conduites par les États-Unis et le Qatar.
Ce message, destiné à réaffirmer sa détermination, se voulait une réponse directe à ceux qui voient dans sa démarche une concession mal placée. Tshisekedi assure qu’il ne craint pas les critiques, estimant que son initiative a « troublé » Kigali et que cette agitation pourrait, à terme, ouvrir la voie à une proposition concrète du Rwanda. Pour lui, tendre la main relève d’une stratégie de long terme, et non d’un geste symbolique.
Une polémique intérieure face aux efforts internationaux de paix
À Kinshasa, de nombreuses voix s’élèvent contre cette main tendue jugée prématurée. Des figures de l’opposition comme Claudel André Lubaya ou Olivier Kamitatu dénoncent une « incohérence diplomatique » et une posture « ambiguë » du président, qui alterne entre fermeté et conciliation envers Kigali. D’autres y voient un signal d’improvisation politique, alors que les tensions restent vives dans l’est du pays. Ces critiques reflètent un malaise plus large au sein de la classe politique congolaise, partagée entre la volonté d’apaisement et la méfiance envers toute ouverture au Rwanda.
Parallèlement, la démarche de Tshisekedi rejoint une série d’initiatives internationales portées par Washington et Doha. Le président américain Donald Trump a récemment dévoilé un plan de médiation régionale, mené conjointement avec le Qatar, connu sous le nom de Washington Accord. Ce texte prévoit le retrait progressif des forces rwandaises du territoire congolais et la mise en place d’un mécanisme conjoint de sécurité. Le Qatar, déjà actif dans plusieurs médiations régionales, renforce ainsi son rôle d’intermédiaire, notamment dans la région des Grands Lacs.
Ces efforts conjoints offrent un écho international à la démarche de Tshisekedi, qui cherche à s’inscrire dans cette dynamique pour appuyer sa stratégie de paix. Reste à savoir si cette ouverture, saluée à l’étranger mais controversée au pays, permettra d’amorcer un dialogue réel entre Kinshasa et Kigali ou si elle demeurera perçue comme un pari diplomatique risqué.



