Sénégal : Discussions avec le FMI et la Banque mondiale à Washington

Du 13 au 18 octobre 2025, une importante délégation du Sénégal participe aux Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale. Conduite par le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, elle entamera des discussions techniques visant à définir un nouveau programme économique et financier. Ces échanges, qualifiés de stratégiques, interviennent dans un contexte où la transparence budgétaire et la soutenabilité de la dette figurent parmi les priorités de coopération. L’objectif affiché est de consolider la confiance et de renforcer la stabilité macroéconomique du pays.

Une délégation pluridisciplinaire pour une relance coordonnée

Outre Cheikh Diba, la délégation comprend plusieurs membres du gouvernement : Ahmadou Al Aminou Lo, ministre d’État chargé de l’Agenda national de transformation, Birame Souleye Diop, ministre des Énergies, du Pétrole et des Mines, Abdourahmane Sarr, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, et Mabouba Diagne, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Ensemble, ils défendront la feuille de route économique nationale axée sur la transparence des finances publiques, le développement des secteurs stratégiques et le renforcement du capital humain.

Les assemblées du FMI et de la Banque mondiale réunissent chaque année les principaux acteurs économiques mondiaux pour débattre des politiques de croissance inclusive, d’investissement et de stabilité financière. Pour Dakar, l’enjeu est double : restaurer la crédibilité financière du pays et obtenir un appui soutenu pour ses réformes structurelles. Le Sénégal compte sur cette plateforme pour présenter ses priorités économiques à moyen terme et réaffirmer son engagement à une gouvernance rigoureuse des deniers publics.

Les discussions techniques, qui débutent ce 13 octobre, visent à poser les bases d’un nouveau cadre de coopération avec le FMI, centré sur la consolidation budgétaire, la rationalisation des dépenses et l’amélioration de la mobilisation des recettes. Des sources proches du dossier indiquent que le dialogue devrait également porter sur la stratégie énergétique et les politiques agricoles, deux leviers jugés essentiels pour stimuler la croissance durable.

Une dette publique sous surveillance accrue

Le mois d’août dernier, une mission du FMI en visite à Dakar avait soulevé des interrogations sur la fiabilité des données relatives à la dette publique. Selon le rapport préliminaire, les chiffres officiels transmis par le gouvernement affichaient un ratio dette/PIB inférieur à 70 %, alors que les vérifications menées par la Cour des comptes faisaient état d’un niveau proche de 100 % du PIB, soit entre 6 et 7 milliards de dollars non enregistrés. Le Fonds avait précisé que ces montants n’étaient pas détournés, mais « non divulgués », ce qui aurait permis au pays d’accéder à des conditions d’emprunt plus avantageuses.

Cet épisode a renforcé la pression pour une transparence accrue dans la gestion des finances publiques. Le nouveau programme en négociation à Washington devrait donc inclure des mesures destinées à fiabiliser les statistiques budgétaires, améliorer la traçabilité des engagements de l’État et renforcer les audits réguliers des organismes publics. Plusieurs observateurs estiment que ces discussions représentent une étape cruciale pour rétablir la confiance entre le Sénégal et ses partenaires financiers internationaux.

À travers sa participation aux assemblées du FMI et de la Banque mondiale, le gouvernement sénégalais réaffirme sa volonté de bâtir une économie souveraine, résiliente et durable, ancrée sur la transparence et la responsabilité budgétaire. Cette démarche marque un tournant dans la stratégie économique nationale, à la veille d’un nouveau cycle de réformes structurelles.

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