Invité de l’émission « En Vérité » sur la RSI, le ministre de l’Environnement, Dr Abdourahmane Diouf, a lancé un appel à la réconciliation et au dépassement des clivages politiques. En saluant la posture du président Bassirou Diomaye Faye, qu’il décrit comme « le président de tous les Sénégalais », il a invité à une justice équilibrée et à la fin des règlements de comptes. Ces propos, perçus par certains comme une main tendue, ont néanmoins provoqué une vague de réactions contrastées sur les réseaux sociaux et dans la sphère politique.
Un appel à l’unité interprété comme un message d’apaisement
Sur le plateau de la RSI, Dr Abdourahmane Diouf a tenu à rappeler que le chef de l’État avait « affirmé devant la Nation qu’il n’est pas le président d’un parti, mais celui de toute la République ». Selon lui, la justice doit être rendue sans qu’elle ne serve à écarter un citoyen au profit d’un autre. Le ministre a également appelé les acteurs politiques à « savoir pardonner », tout en précisant que le pardon ne signifie pas l’absence de justice.
En insistant sur la nécessité de restaurer la cohésion nationale, le ministre a alerté sur la montée des divisions sociales et politiques : « La haine est présente partout. Il est grand temps de dépasser cela », a-t-il affirmé. Son intervention s’inscrit dans la ligne d’un discours d’apaisement voulu par l’exécutif depuis les premiers mois du mandat du président Bassirou Diomaye Faye, élu sur un programme de rupture mais aussi de réconciliation nationale.
Une déclaration qui divise la coalition au pouvoir
Si plusieurs voix ont salué cette posture jugée responsable, d’autres y voient une tentative prématurée d’effacer les souffrances vécues pendant les années de répression politique. Des militants rappellent les dizaines de morts et les milliers d’arrestations subies avant la victoire du pouvoir actuel. L’un d’eux écrit : « Tu n’as pas connu la douleur de perdre 80 militants, ni celle d’avoir 2 000 camarades emprisonnés. Il ne s’agit pas de vengeance, mais de rendre justice. »
D’autres soutiennent au contraire le ministre, estimant qu’il cherche à sortir le pays des psychodrames politiques permanents pour favoriser un véritable redressement économique et institutionnel. Le débat illustre la tension persistante entre les partisans d’une justice réparatrice et ceux d’une justice rétributive, au sein même de la majorité présidentielle.
Dr Abdourahmane Diouf, président du parti Awalé, avait rejoint la coalition du Pastef lors de la présidentielle de 2024, contribuant à la large victoire de Bassirou Diomaye Faye. Son appel à « l’équilibre » traduit la volonté d’unifier des sensibilités politiques diverses, sans renoncer aux impératifs de vérité et de responsabilité.
Le ministre n’a pas réagi aux critiques, mais son message continue d’alimenter un débat essentiel sur la nature de la justice attendue par les Sénégalais : punitive ou réconciliatrice.



