Réuni en Conseil des ministres à Dakar, le gouvernement sénégalais a adopté deux nouveaux textes destinés à durcir la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes. Ces mesures visent à améliorer la coordination nationale et à renforcer la surveillance du secteur non financier. L’adoption intervient dans un contexte de vigilance accrue face aux risques de criminalité financière.
Une architecture nationale de contrôle renforcée
Le Conseil des ministres du mercredi 22 octobre a validé deux décrets structurants pour consolider le dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent. Le premier porte sur la création et le fonctionnement d’un Comité national de coordination de la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Cet organe devra harmoniser les actions des institutions publiques concernées, centraliser les informations et assurer le suivi de la stratégie nationale.
Le second texte adopté concerne le contrôle et la supervision des personnes assujetties du secteur non financier, notamment les professions libérales, les agents immobiliers, les casinos ou encore les négociants en métaux précieux. Ces acteurs, souvent exposés aux risques de flux financiers illicites, seront désormais soumis à des obligations de déclaration et de conformité plus strictes. Les autorités comptent sur ce dispositif pour combler les failles exploitées par les réseaux criminels.
Ces mesures complètent les actions déjà menées par la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), qui transmet régulièrement ses rapports au Pool judiciaire financier. La multiplication de dossiers liés au blanchiment au cours des derniers mois a encouragé le gouvernement à accélérer la réforme du cadre institutionnel, afin de répondre aux exigences internationales du Groupe d’action financière (GAFI) et de la CEDEAO.
Un cadre législatif en mutation continue
Ces deux décrets s’inscrivent dans une série de réformes économiques et juridiques engagées depuis quelques mois. Réunis le 10 septembre dernier, les membres du gouvernement avaient déjà validé trois projets majeurs : le nouveau Code des investissements, la révision du Code général des impôts et la modification de la loi sur la redevance d’utilisation du réseau des télécommunications publiques (RUTEL). L’objectif global est de rendre l’environnement économique plus transparent tout en sécurisant les transactions commerciales et financières. Ces révisions permettront également d’adapter la législation sénégalaise aux standards régionaux en matière de bonne gouvernance et de traçabilité des flux.
Le Sénégal, signataire de plusieurs conventions internationales contre le blanchiment, cherche à consolider sa crédibilité auprès des partenaires économiques et des bailleurs de fonds. Les nouvelles dispositions devraient renforcer la coopération entre les institutions de contrôle — notamment les douanes, les banques, les notaires et les autorités judiciaires — dans la détection et la prévention des infractions financières. Une mise en œuvre effective de ces textes est attendue au cours des prochains mois, après publication au Journal officiel.
Ces réformes marquent une étape supplémentaire dans la structuration du dispositif national de lutte contre les crimes financiers et témoignent de la volonté de l’État d’assurer une meilleure gouvernance économique à l’échelle du territoire.


