Visas Schengen : les citoyens algériens en zone de turbulence

Une série d’annulations soudaines de visas Schengen a récemment plongé de nombreux citoyens algériens dans l’incertitude. Selon le quotidien espagnol El Independiente (édition du 21 octobre 2025), plusieurs titulaires de visas délivrés par le Consulat général d’Espagne à Oran ont vu leurs autorisations de séjour révoquées sans préavis. Ces documents, pourtant valides et déjà apposés sur leurs passeports, ont été déclarés caducs alors que leurs titulaires s’apprêtaient à embarquer.

Les témoignages recueillis décrivent des situations déroutantes : voyageurs bloqués aux guichets d’aéroports, appels téléphoniques du consulat évoquant de vagues « problèmes de dossier » et absence totale de notification officielle. Plusieurs personnes affirment avoir perdu des sommes importantes en réservations d’hôtels et billets d’avion, sans obtenir d’explication claire sur les raisons de ces retraits de visas.

Parallèlement, les observateurs notent une modification progressive des critères d’attribution au consulat d’Oran : les visas autrefois valables trois ans pour des séjours de 90 jours sont désormais souvent limités à des périodes de 30 ou 45 jours. Cette restriction, apparue depuis le début de 2025, accentue la méfiance des demandeurs et alimente les interrogations sur les pratiques consulaires.

Des soupçons anciens et un climat de défiance

Quelques mois plus tôt, une enquête publiée le 27 mai 2025 par SchengenVisaInfo avait mis en évidence un réseau de faux visas Schengen actif en Algérie, proposant des documents contrefaits pour la France et l’Espagne moyennant jusqu’à 15 000 euros. Cette découverte avait soulevé de fortes inquiétudes au sein des autorités européennes sur la fiabilité des circuits administratifs et la circulation de documents falsifiés. Ces antécédents nourrissent aujourd’hui la suspicion et compliquent la distinction entre irrégularités internes et fraudes extérieures.

Dans ce contexte tendu, les annulations de visas à Oran paraissent moins comme des incidents isolés que comme les symptômes d’un système en perte de cohérence. Certains diplomates espagnols évoquent officieusement des ajustements liés à des « changements récents dans la délégation consulaire ». D’autres y voient les conséquences d’une gestion fragilisée par le renouvellement du personnel et les pressions accrues pour détecter les demandes suspectes.

Entre perte de confiance et conséquences pratiques

Pour de nombreux Algériens, ces événements traduisent une dégradation des relations administratives avec les représentations européennes. L’incertitude quant à la validité d’un visa déjà délivré remet en cause la sécurité juridique de tout le processus. Les personnes concernées, souvent de bonne foi, se retrouvent piégées dans une zone grise : leur passeport affiche un visa officiel, mais les portes de l’Europe leur demeurent fermées.

Les associations locales de voyageurs appellent à davantage de transparence et à la mise en place d’un mécanisme clair de recours. En attendant, le désarroi grandit, et les liens entre l’Algérie et certains pays membres de l’espace Schengen risquent d’en être durablement affectés.

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