L’annonce faite par la Roumanie d’acheter des missiles Mistral 3 à l’industriel européen MBDA représente un moment stratégique. Cette fois, Bucarest ne se tourne pas vers son traditionnel fournisseur américain. La déclaration du vice-Premier ministre Ionuț Moșteanu confirme une intention d’achat évaluée autour de 600 millions d’euros, portant sur des systèmes sol-air de très courte portée capables d’intercepter des aéronefs et des drones sur un rayon d’environ 5 km.
Cette orientation intervient juste après la décision du président américain Donald Trump de réduire la présence militaire américaine en Europe, avec notamment le retrait d’une brigade stationnée en Roumanie. Cette évolution a alimenté des interrogations sur la protection du territoire roumain, frontalier de l’Ukraine.
La France profite d’une fenêtre stratégique
Ce choix marque une inflexion pour Bucarest, qui avait multiplié ces dernières années les achats d’équipements américains : avions F-35, missiles Patriot, chars Abrams. Ce mouvement vers la France suggère une volonté de diversifier les partenariats d’armement, en privilégiant cette fois une technologie européenne produite par MBDA. Selon les annonces publiques, d’autres décisions d’achat pourraient suivre dans les prochains mois en Roumanie, signe d’un possible approfondissement de la coopération militaire entre Paris et Bucarest.
Les États-Unis comptent parmi les premiers exportateurs d’armes au monde et disposent de capacités industrielles militaires considérables, soutenues par des programmes majeurs et une présence étendue auprès de leurs alliés. Ce poids historique a longtemps placé Washington en position dominante sur de nombreux marchés européens. Cet ancrage rend d’autant plus notable le choix roumain en faveur d’un matériel conçu par une entreprise européenne, introduisant un repositionnement dans la chaîne d’approvisionnement militaire sur le continent.
Une victoire symbolique pour Paris
La décision roumaine renforce la position de la France dans le paysage de la défense européenne. L’achat annoncé s’accompagne d’un cadre de coopération favorisé par des initiatives européennes de mutualisation des équipements, où Paris joue un rôle structurant. Ce partenariat apparaît aussi comme une réponse directe à l’évolution du soutien militaire américain en Europe. Si la tendance se confirme, il pourrait être envisagé que d’autres États européens renforcent eux aussi leurs liens avec l’industrie de défense du continent pour sécuriser leur autonomie en matière de protection du territoire.



