Au Soudan, une hypocrisie générale face au massacre des populations non arabes

La communauté internationale affiche désormais son émoi face à la tragédie soudanaise, mais cette indignation tardive sonne creux. Alors que les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo massacrent systématiquement les populations non arabes du Darfour depuis des mois, les grandes puissances qui prétendent aujourd’hui vouloir imposer une trêve humanitaire sont précisément celles qui ont armé, financé ou fermé les yeux sur ces atrocités. L’émissaire du président américain Donald Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, vient de qualifier la situation de « plus grande catastrophe humanitaire mondiale », déclarant lors d’un entretien à Doha samedi 15 novembre que les événements récents à El-Fasher sont « absolument inacceptables ». Pourtant, cette prise de conscience arrive après que plus de 460 personnes ont été massacrées dans une maternité le 28 octobre, après 18 mois de siège qui ont plongé la ville dans la famine, et après des dizaines de milliers de morts.

Le conflit qui déchire le Soudan depuis avril 2023 oppose les Forces armées soudanaises du général Abdel Fattah al-Burhan aux FSR. Cette guerre fratricide a déjà fait plus de 40 000 morts selon l’ONU, mais les organisations humanitaires estiment le bilan réel bien supérieur. Douze millions de personnes ont été déplacées, faisant du Soudan la plus grande crise de déplacement au monde. Au Darfour, région déjà traumatisée par le génocide des années 2000, les FSR se livrent à un nettoyage ethnique méthodique contre les populations non arabes – Massalit, Zaghawa, Fours – perpétuant les crimes de leurs prédécesseurs, les milices Janjawid. La chute d’El-Fasher le 26 octobre 2025 a marqué un nouveau paroxysme dans l’horreur : exécutions sommaires à caractère ethnique, viols collectifs de femmes et fillettes, séparation des civils selon leur couleur de peau avant leur massacre. Les survivants témoignent de personnes écrasées par des véhicules militaires, d’autres détenues contre des rançons pouvant atteindre 43 000 euros.

Émirats arabes unis : les complices proposent une trêve humanitaire au Soudan

L’hypocrisie atteint son sommet lorsqu’on examine la composition du groupe médiateur. Les États-Unis, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte appellent conjointement à une trêve humanitaire de trois mois, selon les déclarations de Massad Boulos. Cette proposition prévoit ensuite un cessez-le-feu permanent et une transition vers un gouvernement civil, tout en écartant les deux parties belligérantes de cette transition. « La priorité absolue reste pour l’instant l’aspect humanitaire et la trêve humanitaire », a précisé l’émissaire américain, ajoutant que Washington espérait « parvenir à une avancée dans les semaines à venir ».

Or, ces mêmes Émirats arabes unis sont accusés par de multiples enquêtes internationales de fournir massivement des armes et des munitions aux FSR via le Tchad. Des véhicules blindés Nimr fabriqués aux Émirats et équipés de technologies françaises ont été identifiés entre les mains des paramilitaires malgré l’embargo de l’ONU. Amnesty International et Human Rights Watch ont documenté les circuits d’approvisionnement qui permettent aux FSR de poursuivre leurs massacres. Comment prendre au sérieux un médiateur qui alimente simultanément le conflit qu’il prétend vouloir éteindre ? De l’autre côté, l’Égypte soutient ouvertement les Forces armées soudanaises, tandis que l’Iran et la Turquie leur fournissent des drones de combat.

Darfour et Kordofan : la machine à tuer des FSR s’étend avec l’inaction internationale

Les atrocités d’El-Fasher ne sont qu’un épisode d’une série macabre qui s’étend désormais au Kordofan. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits humains, Volker Türk, alerte depuis des semaines sur le risque de voir se reproduire au Kordofan le scénario d’El-Fasher. Les FSR ont pris le contrôle de Bara et encerclent désormais El-Obeïd, la capitale du Kordofan-Nord, forçant déjà plus de 36 000 personnes à fuir. Les massacres à motivation ethnique, les viols systématiques et les pillages suivent un schéma éprouvé : après chaque victoire militaire, les FSR se livrent à des représailles massives contre les populations civiles non arabes.

Cette stratégie génocidaire bénéficie d’une impunité quasi-totale. Malgré vingt mises en garde de l’ONU avant la chute d’El-Fasher, malgré la confirmation de la famine dans les camps de déplacés dès 2024, aucune action concrète n’a été entreprise pour protéger les civils. Les appels à étendre l’embargo sur les armes à l’ensemble du Soudan – et non plus seulement au Darfour – restent lettre morte. La Cour pénale internationale, dont la compétence se limite également au Darfour, ne peut poursuivre les crimes commis ailleurs dans le pays. Plus de 20 pays ont publié une déclaration commune le 10 novembre condamnant les atrocités, mais les mots ne sauvent pas les vies. L’ampleur de ces violences a suscité l’attention du Pape Léon XIV qui a également exprimé son inquiétude face aux violences meurtrières commises .

L’aide humanitaire elle-même est utilisée comme arme de guerre par les deux camps. Les deux belligérants bloquent régulièrement les convois destinés aux populations assiégées et affamées. El-Fasher est coupée de toute aide depuis février 2025, plongeant ses habitants dans une famine qui tue autant que les balles. La proposition américaine de trêve humanitaire de trois mois exhorte les parties à « accepter cette proposition et à la mettre en œuvre immédiatement », mais sans mécanisme de contrainte ni sanctions contre ceux qui continueront de bloquer l’aide, cette initiative ressemble davantage à un exercice de communication qu’à une stratégie sérieuse pour sauver des vies. Le Soudan agonise sous les projecteurs d’une indignation internationale aussi bruyante qu’inefficace, pendant que les populations non arabes du Darfour et du Kordofan continuent de mourir dans un silence complice.

1 réflexion au sujet de « Au Soudan, une hypocrisie générale face au massacre des populations non arabes »

  1. C’est ce qu’enseigne le Coran d’éliminer toute personne n’appartenant pas à une religion?
    L’homme noir a atteint le niveau le plus bas niveau de son existence
    Qu’est-ce que Trump attend pour envahir le Sudan avec sa quincaillerie militaire?
    « Aime ton prochain comme toi-même »
    Mon prochain c’est le « Sans le sans abri »
    Mon prochain c’est « l’arabe ou le musulman »
    Mon prochain c’est « le païen », demain il réveillera dans la Lumière de Dieu
    Mon prochain c’est « l’animiste », demain il réveillera dans la Lumière de Dieu.
    Mon prochain c’est lui/celle qui ne croit pas en Dieu, demain il/elle réveillera dans la Lumière de Dieu.
    Ceux qui croient faire le devoir de Allah en massacrant leurs frères et soeurs font le travail des forces infâmes et se trouveront tous la face contre le mur.

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