Criminalités en Afrique : les nouveaux aspects pointés dans un rapport

L’Indice africain du crime organisé 2025, publié le 17 novembre par le projet ENACT, révèle qu’une transformation profonde des réseaux criminels est en cours à travers le continent depuis 2019, portée par de nouveaux outils, de nouvelles alliances et des systèmes étatiques souvent débordés. Cette évolution montre que les menaces criminelles dépassent largement les formes auxquelles les autorités étaient habituées. Cette tendance ouvre la voie à une lecture renouvelée des vulnérabilités sécuritaires africaines, que le rapport éclaire sous plusieurs angles.

Cybercriminalité, acteurs étatiques et influence accrue en Afrique de l’Ouest

Le document fait apparaître une montée remarquée des crimes dépendants du numérique, renforcés par l’essor technologique. Les ransomwares, malwares et fraudes financières en ligne atteignent des niveaux élevés, notamment au Kenya, au Nigéria et en Afrique du Sud. Les capacités de cybersécurité restent pourtant faibles : l’indice dédié passe de 4,30 en 2019 à 3,66 en 2025, en raison d’un manque d’investissements et d’un recul des acteurs non étatiques, autrefois essentiels dans la protection numérique.

L’analyse montre également un rôle dominant des acteurs intégrés à l’appareil étatique, particulièrement en Afrique centrale, de l’Est et du Nord. Ils obtiennent le score le plus élevé parmi les acteurs criminels identifiés, devant les réseaux organisés, les groupes de type mafia et les organisations privées. Depuis 2023, les acteurs étrangers et privés connaissent une progression notable, surtout en Afrique de l’Ouest où leurs activités se greffent fréquemment aux flux financiers illicites et aux trafics transnationaux.

Marchés criminels dominants, faiblesse de la résilience et confrontation des États africains

Les marchés criminels les plus puissants en 2025 rassemblent les crimes financiers, le trafic d’êtres humains, l’exploitation illégale des ressources non renouvelables, le trafic d’armes et la contrefaçon. Ils affichent des scores élevés qui dépassent largement la capacité des États à y répondre. La résilience moyenne du continent ne dépasse pas 3,79/10, alors que les acteurs criminels atteignent 5,58/10 et les marchés 5,11/10. Certains volets restent particulièrement vulnérables : la prévention et le soutien aux victimes ou témoins figurent parmi les plus faibles scores, chacun à 2,87/10.

Les pays africains doivent composer depuis plusieurs années avec des formes variées de criminalité : criminalité violente, fraudes économiques, cybercriminalité, trafic d’êtres humains ou circulation accrue d’armes. Beaucoup de gouvernements renforcent leurs dispositifs policiers, judiciaires et collaborent davantage avec des organisations internationales. Pourtant, les réseaux criminels conservent souvent une longueur d’avance, grâce à leur mobilité, leurs capacités financières et leur adaptation rapide aux nouvelles technologies. Cette situation explique pourquoi les faiblesses mises en évidence dans le rapport continuent d’alimenter la progression des activités illicites sur le continent.

Certaines zones enregistrent toutefois des performances légèrement supérieures : l’Afrique du Sud et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest disposent d’indicateurs plus élevés en matière de politiques publiques ou de coopération, alors que l’Afrique du Nord reste à la traîne, notamment concernant l’implication des acteurs non étatiques. Malgré ces points différenciés, l’étude montre que les dispositifs institutionnels continentaux peinent encore à suivre l’ampleur et la diversification des marchés criminels observés jusqu’en 2025.

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