Les débats sur le coût de la dette africaine ont ressurgi après la publication d’un rapport d’experts remis au G20, dont le sommet se tiendra à Johannesburg, en Afrique du Sud, les 22 et 23 novembre 2025. Ce document met en cause la manière dont les grandes agences de notation évaluent les États du continent. Le sujet revient au premier plan, car ces évaluations influencent directement les conditions d’emprunt des gouvernements africains.
Agences de notation – Afrique : méthodologies critiquées et risques majorés
Le panel, créé sous la présidence du G20 sud-africain, présidé par l’ancien ministre sud-africain des Finances Trevor Manuel et composé notamment d’Esther Duflo et de Donald Kaberuka, estime que les modèles employés par les agences restent insuffisamment fiables. Les experts décrivent des méthodologies difficiles à examiner, peu ouvertes à la contestation et susceptibles de surévaluer le risque associé aux États africains. Selon eux, cette perception accentuée du risque entraîne des taux d’intérêt plus élevés, ce qui renchérit le service de la dette.
S&P Global Ratings, Moody’s et Fitch rejettent cependant l’idée d’un traitement défavorable. Les trois institutions affirment utiliser des critères identiques pour toutes les économies et assurent que leurs cadres d’évaluation sont publics. Les experts répliquent que ces méthodologies mériteraient d’être mises à jour, car elles ne reflètent pas suffisamment les spécificités des économies africaines, ce qui justifie selon eux un appel à une surveillance renforcée du secteur.
Évaluations souveraines : enjeux de transparence, rôle des agences, et demandes de réforme
Les agences de notation jouent un rôle important : leurs décisions influencent la confiance des investisseurs, orientent les flux financiers et déterminent en grande partie les taux auxquels les États peuvent emprunter. Une note jugée faible se traduit généralement par des coûts d’emprunt plus élevés. Ce mécanisme, connu depuis des décennies, fait des notations souveraines un élément incontournable du financement international. C’est à partir de cette position stratégique que les critiques actuelles prennent tout leur poids.
Les experts recommandent au G20 de contraindre ces agences à davantage de transparence, notamment en rendant plus accessibles les données et modèles utilisés. Ils estiment qu’une meilleure visibilité sur les outils d’évaluation permettrait aux pays africains de comprendre, d’analyser et éventuellement de contester des notes qu’ils jugent injustifiées.
Le rapport souligne également qu’une révision des cadres de notation pourrait atténuer certains biais de perception. D’après les experts, ceux-ci conduisent fréquemment à considérer les économies africaines comme plus risquées que des pays présentant pourtant des fondamentaux comparables. Cette situation pèse sur les finances publiques et complique la gestion budgétaire de nombreux États. Leur appel vise donc à réduire un facteur identifié comme amplificateur de la dette africaine.


