Exportations vers l’Afrique : la Suisse au cœur de deux scandales, des produits pour bébé au carburant

Les critiques adressées à certaines entreprises opérant depuis la Suisse refont surface, nourries par de nouvelles données et par des prises de position africaines plus affirmées. Deux dossiers distincts – l’alimentation infantile et les carburants – remettent en question la qualité de produits envoyés vers plusieurs pays du continent. Ces affaires, déjà évoquées il y a quelques années par des ONG, gagnent aujourd’hui une portée plus large en raison de nouveaux constats et d’interventions inédites d’acteurs africains.

Produits pour bébé : Nestlé sous pression en Afrique

La présence de sucre ajouté dans plusieurs références de céréales infantiles vendues en Afrique alimente depuis plusieurs mois un débat sur les pratiques différenciées appliquées selon les marchés. Des analyses réalisées par Public Eye ont relevé que certaines formules commercialisées sur le continent affichaient des teneurs plus élevées que celles proposées en Europe. L’ONG affirme que cette situation pourrait poser un risque sanitaire, même si aucune autorité judiciaire n’a établi d’infraction.

Nestlé conteste ces accusations et explique que les sucres relevés comprennent aussi ceux naturellement présents dans les ingrédients utilisés. Le groupe précise par ailleurs qu’il respecte les normes des pays où ses produits sont vendus et rappelle avoir déjà déployé, dans une grande partie de ses marchés, des versions sans sucre ajouté. Ces explications n’ont toutefois pas dissipé toutes les interrogations, notamment parmi les organisations de consommateurs africaines qui réclament davantage de transparence.

Afrique – Suisse : carburants de qualité discutée et intervention des concessionnaires

Le débat sur la qualité des exportations ne se limite pas au secteur alimentaire. Des négociants en carburants établis en Suisse sont à nouveau visés par des critiques concernant la composition de certains produits envoyés vers l’Afrique. Public Eye avait déjà dénoncé, il y a plusieurs années, la présence élevée de soufre dans certains carburants vendus dans plusieurs pays de la région. Ces avertissements ressurgissent aujourd’hui, renforcés par une nouvelle démarche menée côté africain.

L’Association des concessionnaires automobiles africains a adressé une lettre au conseiller fédéral Albert Rösti. Elle y signale la persistance d’additifs problématiques, parmi lesquels du plomb, du manganèse ou du fer. Le syndicat demande à la Suisse d’introduire des normes minimales pour les carburants exportés par des entreprises basées dans le pays. Le Secrétariat d’État à l’économie a répondu qu’il n’avait pas d’influence directe sur les produits vendus à l’étranger, ceux-ci relevant des réglementations fixées par les pays importateurs. Les négociants concernés assurent pour leur part respecter toutes les exigences applicables dans les États où ils opèrent.

Regard transversal sur deux dossiers sensibles

Ces deux affaires, distinctes mais reliées par la question de la qualité des produits exportés, rappellent les alertes déjà formulées par plusieurs organisations il y a quelques années. À l’époque, les rapports publiés par des ONG avaient mis en évidence des écarts importants entre les normes appliquées en Afrique et celles en vigueur en Europe. Les débats actuels montrent que les préoccupations ne se sont pas dissipées et que les acteurs africains cherchent désormais à peser davantage dans les discussions.

La répétition des critiques pourrait encourager certains États africains à revoir leurs réglementations ou à renforcer les contrôles à l’importation. De leur côté, les entreprises mises en cause estiment suivre les cadres légaux existants et contestent les accusations de traitement différencié. Il reste à voir si les échanges en cours déboucheront sur des ajustements concrets ou si les positions resteront inchangées.

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