Le football européen est habitué aux investissements massifs provenant des pays du Golfe. Depuis une quinzaine d’années, des fonds souverains ou des entités privées originaires de cette région ont remodelé le paysage du sport-roi. L’exemple le plus emblématique reste l’acquisition du Paris Saint-Germain par le Qatar Sports Investments (QSI) en 2011, transformant le club de la capitale française en une puissance continentale. Plus récemment, l’Arabie Saoudite a pris le contrôle de Newcastle United, tandis qu’Abu Dhabi possède Manchester City. Ces opérations ont souvent pour objectif de diversifier l’économie de ces pays et d’améliorer leur image de marque à l’échelle mondiale par le biais du sport. C’est dans ce sillage que de nouveaux investisseurs qatariens jettent leur dévolu sur l’Espagne, une des plus grandes ligues du monde, avec l’intention de s’y créer une place forte.
JTA Investment : l’offensive qatarienne sur le Getafe CF
Selon plusieurs médias espagnols, le groupe d’investissement qatarien JTA International Investment Holding est sur le point de finaliser le rachat du Getafe Club de Fútbol. Bien que l’opération soit menée par des fonds privés et non étatiques, à l’instar de l’actionnariat du Paris Saint-Germain, les ambitions derrière cette démarche sont considérables. Le PDG de JTA, Amir Ali Salemi, a confirmé à Marca l’état très avancé des négociations, annonçant que cette acquisition marquera « un nouveau chapitre dans le football espagnol et dans la stratégie d’investissement mondiale du Qatar ».
JTA International est un conglomérat déjà très puissant, actif dans des secteurs variés comme les infrastructures civiles, le transport et le tourisme. Leur intérêt pour le club de la banlieue sud de Madrid marque leur première incursion dans le sport européen. L’accord prévoirait une injection de capitaux conséquente, incluant l’obtention des droits de nommage du stade et l’apparition d’un nouveau sponsor maillot. L’objectif avoué est de transformer l’équipe en une référence du football ibérique.
Croissance et défis à la Madrilène
Getafe, un club relativement jeune (fondé en 1983) et évoluant dans l’ombre des géants que sont le Real et l’Atlético de Madrid, est souvent raillé pour son faible nombre de supporters et son stade parfois peu rempli. Pourtant, le club fait preuve d’une solidité sportive remarquable malgré un budget très limité.
L’entraîneur Pepe Bordalás a souvent été contraint de faire des miracles, notamment en raison des contraintes du fair-play financier qui l’ont forcé à bricoler un effectif. Le style de jeu ultra-défensif qu’il prône, souvent sujet à moqueries, a permis aux Azulones de se maintenir régulièrement dans la première moitié du tableau de la Liga. Cette saison encore, le club se positionne dans une belle huitième position malgré le départ de joueurs clés l’été dernier et un début de saison avec seulement 13 joueurs de l’équipe première enregistrés. Le rachat par JTA International Holding apporterait la stabilité financière nécessaire pour passer un cap et atténuer les contraintes budgétaires récurrentes.
Le président actuel, Angel Torres, est par ailleurs un grand supporter déclaré du Real Madrid. Ce lien a parfois valu au club une réputation d’équipe « amie » des Merengues auprès des fans adverses. L’arrivée de capitaux qatariens, même s’ils sont privés, symboliserait un tournant majeur, signalant une volonté de bâtir une identité et une puissance autonomes.
Si l’opération se concrétise, le Getafe CF s’apprête à entrer dans une nouvelle dimension. Reste à savoir si cette ambition se traduira par des succès sportifs durables, et si les investisseurs qatariens parviendront à transformer un club modeste en un rival sérieux pour les mastodontes de la Liga. Le précédent de 2012, où un faux cheikh avait tenté un rachat frauduleux, rappelle la prudence des (rares) supporters, mais cette fois-ci, l’opération semble être d’un tout autre niveau de sérieux.



