Le Nigeria revient sur une initiative visant à intégrer les langues locales dans le système éducatif, une décision qui marque un revirement important dans la manière dont le pays aborde l’enseignement. Cette annonce intervient alors que plusieurs nations africaines continuent de promouvoir les langues nationales comme vecteurs d’apprentissage et de développement scolaire.
Le Nigeria abandonne l’enseignement en langues autochtones
Le gouvernement fédéral du Nigeria a mis fin à la politique qui imposait l’usage des langues maternelles comme langues d’enseignement de la maternelle au primaire. Mercredi, lors de la Conférence internationale sur les langues dans l’éducation 2025, organisée à Abuja par le British Council, le ministre de l’Éducation, Dr Tunji Alausa, a souligné que l’application de cette politique avait rencontré d’importantes difficultés au cours des dernières années. Dans les régions où l’instruction se faisait majoritairement en langues locales, les élèves ont affiché des taux d’échec particulièrement élevés aux examens nationaux tels que le WAEC, le NECO ou le JAMB. Ces constats ont conduit les autorités à rétablir l’anglais comme langue d’enseignement dans toutes les écoles du pays, du préscolaire à l’enseignement supérieur.
Le Dr Alausa a souligné qu’il est essentiel de fonder les décisions éducatives sur des faits concrets plutôt que sur des émotions ou des préférences culturelles. Cette mesure constitue un tournant pour le système éducatif nigérian, visant à renforcer la réussite des élèves et à garantir un accès plus équitable à l’enseignement supérieur.
L’expérience africaine : quand les langues nationales renforcent l’apprentissage
Si le Nigeria recule sur l’usage des langues autochtones dans les écoles, plusieurs pays africains ont, eux, poursuivi des politiques favorisant l’enseignement en langue nationale. Au Sénégal, des langues comme le wolof, le pular et le sérère sont utilisées dès le primaire pour faciliter la compréhension des élèves et réduire l’abandon scolaire. En Éthiopie, l’amharique, l’oromo et le tigrinya servent de langues d’enseignement dans différentes régions, tandis qu’au Mozambique, l’introduction progressive des langues locales dans les écoles a permis d’améliorer significativement les taux de réussite. Ces exemples montrent que, dans certaines conditions, l’enseignement en langue maternelle peut contribuer à renforcer l’apprentissage et l’inclusion scolaire.
La décision nigériane montre la complexité de l’enseignement multilingue. Si l’objectif reste d’offrir une éducation de qualité, les stratégies peuvent varier selon les réalités locales, les infrastructures éducatives et la maîtrise des langues par les enseignants. La question de la langue d’instruction continue donc de faire débat à travers le continent, entre ambition culturelle et exigences de performance scolaire.



