Le général Abdourahmane Tiani a engagé ces dernières semaines une tournée d’ampleur à travers plusieurs régions nigériennes. Ce déplacement prolongé, conduit par la route et rythmé par des rencontres avec les habitants et des visites de sites jugés sensibles, apparaît comme une tentative d’afficher un contrôle du territoire alors que le pays traverse de fortes tensions sécuritaires et économiques.
Pouvoir nigérien et sécurité : le pari de la présence territoriale
Arrivé à la tête de l’État à la suite du renversement du président Mohamed Bazoum à l’été 2023, Tiani poursuit désormais une stratégie axée sur la proximité avec les populations. Cette prise de pouvoir, revendiquée comme une réponse aux fragilités internes, a ouvert une nouvelle phase politique que le général cherche aujourd’hui à consolider en multipliant les déplacements dans les zones les plus exposées.
Le long de la « route de l’uranium », qui relie Agadez à Arlit sur plus de 600 kilomètres, son passage a été présenté comme un signal destiné à démontrer la capacité du pouvoir à circuler sur un axe régulièrement menacé par des groupes armés opérant aux frontières libyennes et algériennes. À Arlit, ville minière marquée par des décennies d’extraction, Tiani a rappelé sa doctrine souverainiste concernant les ressources naturelles, en référence au différend persistant avec Orano autour de l’uranium. Cette étape s’ajoute à celles menées plus au sud, notamment dans la région de Dosso et jusqu’à Gaya, zone voisine du Bénin et du Nigeria, proche du parc W où sévissent des groupes affiliés à Al-Qaïda.
Tiani, uranium et gouvernance : une tournée à portée politique
La communication officielle insiste sur un dirigeant au contact direct des habitants, répondant aux critiques qui le présentaient comme réticent à quitter Niamey. Les images diffusées par la télévision publique montrent des rassemblements, des visites de camps militaires et des échanges avec les autorités locales.
La tournée intervient également alors que l’administration nigérienne fait face à des retards de paiement des fonctionnaires et à des contraintes budgétaires, héritées pour partie des sanctions décidées après le changement de pouvoir et annulées depuis près de deux ans. Certains observateurs considèrent que ce périple pourrait avoir pour fonction de renforcer l’adhésion à la ligne souverainiste du régime, même si aucune échéance électorale n’est prévue, le mandat de cinq ans attribué à Tiani par des assises nationales étant toujours en cours.
Cette succession d’étapes montre un dirigeant cherchant à affirmer son autorité sur un pays soumis à de multiples pressions, tout en tentant de maintenir un contact direct avec les régions les plus vulnérables. Il reste à observer si cette présence prolongée sur le terrain permettra de renforcer durablement la stabilité du Niger ou si elle demeurera un signal ponctuel dans un environnement encore marqué par l’incertitude.


