Le débat autour de la liberté religieuse au Nigéria a pris une tournure diplomatique à Berlin. Yusuf Tuggar, chef de la diplomatie nigériane, a exprimé sa préoccupation face à des discours qu’il juge susceptibles de raviver des tensions au sein de son pays et sur le continent. Sans hausser le ton mais avec fermeté, il a rappelé que les déclarations publiques de figures politiques internationales peuvent influencer des dynamiques sensibles.
Allusions au Soudan et appel à la responsabilité
Depuis la capitale allemande, Yusuf Tuggar a indiqué que des accusations extérieures non étayées sur une supposée répression religieuse au Nigéria risquent de polariser l’opinion. Il a fait référence au cas du Soudan, où des fractures religieuses et tribales ont alimenté des violences prolongées. En citant cet exemple, il a souligné que des discours mal pesés peuvent alimenter des interprétations extrêmes et rouvrir des blessures communautaires.
Le ministre a affirmé que le Nigéria reste fondé sur un cadre constitutionnel protégeant la liberté de culte. Pour appuyer ses propos, il a présenté des textes garantissant ces droits, insistant sur la vigilance nécessaire face aux narratifs qui pourraient remettre en cause la cohésion du pays. Il a aussi évoqué le risque de divisions importées, motivées par des discours extérieurs éloignés des réalités institutionnelles nigérianes.
« Il est impossible qu’une persécution religieuse puisse être soutenue de quelque manière que ce soit par le gouvernement nigérian. À quelque niveau que ce soit — fédéral, régional ou local — c’est impossible. Ce que nous essayons de faire comprendre au monde, c’est que nous ne devons pas créer un autre Soudan. Nous avons vu ce qui s’est passé avec le Soudan, avec les agitations en faveur de la partition du pays fondées sur la religion et les sentiments tribaux », a-t-il déclaré selon English.ahram.org.eg.
Rappel des déclarations de Donald Trump
Plus tôt, Donald Trump avait affirmé que des chrétiens étaient victimes de violences au Nigéria, évoquant la possibilité d’une intervention américaine. Selon Reuters, il avait demandé au département de la Défense de se préparer à une action rapide et conditionné l’aide américaine aux réponses données par Abuja face aux violences religieuses signalées . L’Associated Press avait également rapporté des propos dans lesquels il menaçait d’user de la force pour « protéger les chrétiens » . Ces déclarations avaient provoqué des réactions au Nigéria, où les autorités avaient dénoncé une lecture unilatérale de la situation sécuritaire.
Face à ces prises de position, Yusuf Tuggar a considéré essentiel de rappeler la ligne du gouvernement : le Nigéria affirme garantir l’exercice des cultes et rejette toute idée d’une campagne orchestrée contre une communauté religieuse.
Une réponse axée sur la stabilité nationale
Le discours du ministre se concentre sur la prévention des fractures identitaires et l’affirmation de la souveraineté institutionnelle du Nigéria. En plaçant l’exemple du Soudan au cœur de son raisonnement, il a voulu rappeler qu’une rhétorique mal contrôlée peut être exploitée et entraîner des tensions durables.



