Sahara Occidental : l'Algérie contrainte de changer de stratégie

La résolution adoptée fin octobre par le Conseil de sécurité de l’ONU a bouleversé l’équilibre diplomatique autour du Sahara Occidental. Face à ce tournant, Alger ajuste son approche tout en maintenant ses positions de principe sur un dossier qu’elle suit depuis près de cinquante ans.

Ahmed Attaf réaffirme le soutien d’Alger à la médiation Maroc-Polisario

Le 18 novembre dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf a pris la parole pour clarifier l’orientation future de son pays. Sa déclaration marque un repositionnement tactique : Alger se présente désormais comme facilitateur de toute tentative de médiation entre Rabat et le Front Polisario. Le chef de la diplomatie algérienne insiste sur la nécessité de maintenir le cadre onusien pour les discussions, estimant que seul un dialogue direct entre les deux parties concernées permettra de débloquer la situation.

Cette intervention intervient moins de trois semaines après l’adoption de la résolution 2797, qui a marqué les esprits par son contenu inédit. L’Algérie n’avait pas participé au vote, refusant d’avaliser un texte qu’elle juge déséquilibré.

Depuis 1975, Alger soutient activement le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et appuie le Front Polisario dans ses revendications indépendantistes. Cette position historique s’oppose frontalement au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007, qui prévoit une large autonomie du territoire sous souveraineté marocaine. Aujourd’hui, face à l’évolution du rapport de forces diplomatique au Conseil de sécurité, l’Algérie adapte sa méthode sans abandonner ses objectifs fondamentaux.

La résolution ONU du 31 octobre rebat les cartes du conflit sahraoui

Le texte voté le 31 octobre constitue une rupture par rapport aux résolutions précédentes. Pour la première fois, le Conseil de sécurité qualifie explicitement le plan marocain d’autonomie de « solution la plus réalisable ». Cette formulation, portée par Washington, représente un soutien politique majeur pour Rabat et complique la tâche d’Alger.

Face à cette nouvelle donne, le ministre Attaf a détaillé les quatre piliers de la stratégie algérienne. Premier point : garantir que le processus politique reste sous l’égide des Nations unies. Deuxième élément : favoriser l’organisation de discussions directes entre le royaume marocain et le mouvement indépendantiste. Troisième axe : obtenir un accord consensuel sur la solution finale entre ces deux protagonistes. Enfin, et c’est le point central, permettre à la population sahraouie d’exercer son droit à l’autodétermination.

Cette feuille de route révèle un changement d’approche. Plutôt que de s’opposer frontalement à la dynamique créée par la résolution, Alger cherche à conserver une influence sur le processus de négociation. L’accent mis sur la médiation et le dialogue bilatéral Rabat-Polisario témoigne d’une volonté de rester un acteur incontournable, même si le contexte diplomatique international évolue en faveur de la thèse marocaine.

La question reste ouverte de savoir si cette nouvelle posture algérienne permettra effectivement de peser sur les discussions futures ou si elle constitue simplement un ajustement face à une situation qui lui échappe progressivement sur la scène internationale.

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