Quelques jours après l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2797 (2025) sur le Sahara occidental, un parti marocain a pris position à rebours du discours officiel. Le Parti démocratique des travailleurs marocains (Annahj Adimocrati Alumalli) a réaffirmé son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, lors de la clôture de son troisième Conseil national, tenu le 2 novembre 2025 à Rabat.
Dans le communiqué publié à l’issue de cette réunion selon un rapport de Sahara Press Service, la formation d’extrême gauche a défendu une approche fondée sur le dialogue direct entre le Maroc et le Front Polisario, estimant qu’une négociation sérieuse, équilibrée et sous l’égide des résolutions internationales pouvait offrir une issue pacifique au différend. Le parti considère que le principe d’autodétermination ne relève pas d’un simple mot d’ordre, mais constitue une condition essentielle à la coexistence entre les peuples, reposant sur la liberté, l’égalité et la dignité.
Cette position, réaffirmée trois ans après le congrès national de 2022, s’inscrit dans la continuité de la ligne idéologique d’Annahj, favorable à une solution démocratique et régionale fondée sur le respect des droits des peuples. En revanche, elle crée un contraste marqué avec la diplomatie marocaine, qui soutient le plan d’autonomie sous souveraineté nationale comme seule issue « réaliste », selon les termes de la résolution onusienne.
Un dossier ancien, un débat ravivé
Le différend autour du Sahara occidental oppose depuis plusieurs décennies le Maroc au Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Malgré la présence de la MINURSO, créée par l’ONU au début des années 1990 pour organiser un référendum d’autodétermination, aucune solution n’a encore été trouvée. Le 31 octobre 2025, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2797, prolongeant le mandat de la MINURSO et saluant le plan d’autonomie proposé par le Maroc comme une base « crédible » de discussion. Ce vote a été approuvé par onze membres, tandis que la Russie et la Chine se sont abstenues.
Dans ce climat diplomatique où Rabat revendique des soutiens internationaux croissants, la déclaration d’Annahj Adimocrati Alumalli introduit une dissonance au sein du paysage politique national. Elle met en évidence une fracture, certes minoritaire, mais symbolique, entre la ligne officielle et celle d’une gauche radicale qui continue de défendre l’autodétermination comme solution au conflit.
Vers un débat intérieur plus visible au Maroc ?
La sortie du parti marocain intervient à un moment sensible, alors que la résolution 2797 a été perçue au Maroc comme une validation partielle de sa position. L’expression publique d’une opinion divergente sur un sujet considéré comme stratégique pourrait susciter des réactions politiques dans les prochains jours.
Pour l’heure, aucune réponse officielle n’a été formulée par les autorités marocaines face à cette prise de position. Il est possible que cette initiative relance les débats internes sur la place du pluralisme politique dans le traitement de la question saharienne, un dossier où le consensus national reste, jusque-là, l’une des constantes majeures de la diplomatie marocaine.



