Sénégal : Des proches de Macky Sall dans la tourmente

L’affaire PRODAC connaît un nouveau rebondissement avec l’élargissement de l’instruction et l’implication de figures réputées proches de l’ex-président Macky Sall. Le parquet financier a sollicité l’inculpation de Pape Malick Ndour et de Khadim Ba, pour des transactions jugées irrégulières. Le dossier s’annonce explosif, mêlant soupçons de rétrocommissions et paiements injustifiés. Ce nouvel épisode s’ajoute à une série de procédures touchant plusieurs anciens responsables publics.

Un dossier aux ramifications multiples

L’enquête du parquet financier sur le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC) vient de franchir un cap. Le supplétif du parquet a demandé au juge d’instruction d’inculper Pape Malick Ndour, arrêté la veille par la Division des investigations criminelles (DIC). Il lui est reproché d’avoir autorisé le versement de 2,702 milliards de francs CFA à Green 2000, sur la base de simples factures pro forma. Les dirigeants de cette société, chargée de la mise en œuvre de projets agricoles, sont désormais introuvables.

Le parquet réclame également un mandat de dépôt pour Khadim Ba, déjà détenu dans un autre dossier. Il est soupçonné d’avoir procédé à un second transfert évalué à 16,854 milliards de francs CFA au profit de la même entreprise israélienne. Les magistrats attendent qu’il fournisse des éléments économiques tangibles justifiant ce paiement, faute de quoi l’hypothèse d’un montage frauduleux serait renforcée. Des vérifications complémentaires devraient être menées sur l’origine des fonds et les circuits bancaires utilisés, des informations susceptibles d’être croisées avec les données du Trésor et de la Banque centrale.

Le parquet a par ailleurs requis une série d’investigations visant à déterminer d’éventuelles rétrocommissions entre Khadim Ba, Mame Mbaye Niang – ancien ministre de la Jeunesse –, Mamina Daffé (ex-coordinateur du PRODAC) et Ibrahima Cissé, gérant de la société Tida. Des liens financiers entre ces acteurs auraient pu jouer un rôle dans la structuration du contrat initial. Un rapport interne pourrait être consulté à ce sujet afin d’étayer les hypothèses du parquet.

Un contexte judiciaire qui s’élargit autour du camp Macky Sall

Ce nouvel épisode intervient alors que plusieurs anciens responsables de la période Macky Sall sont déjà inquiétés par la justice. Quelques heures avant cette nouvelle étape de l’affaire PRODAC, Lat Diop, ex-directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase), également considéré comme un proche de l’ancien chef de l’État, a été remis en liberté après plusieurs mois de détention. Ce parallèle souligne la dynamique judiciaire en cours, qui s’étend progressivement aux principaux gestionnaires de fonds publics de la précédente administration.

L’affaire PRODAC remonte à la période 2014-2018, lors du lancement du vaste programme censé favoriser l’autosuffisance agricole et la création d’emplois pour les jeunes. Dès 2019, plusieurs rapports de l’Inspection générale d’État avaient pointé des irrégularités contractuelles, des avances injustifiées et un manque de traçabilité dans les paiements. Depuis, le dossier a connu de multiples rebondissements, entre expertises, changements de magistrats instructeurs et auditions de responsables politiques.

L’enjeu pour la justice sénégalaise reste de distinguer la faute de gestion de la fraude organisée, et d’établir clairement les responsabilités dans le montage financier du contrat Green 2000. Les prochaines semaines pourraient voir l’ouverture de confrontations entre anciens ministres et opérateurs économiques, une étape décisive pour l’avenir du dossier. La décision du juge sur les demandes d’inculpation et de détention est attendue dans les jours à venir.

Laisser un commentaire