Sénégal : entre Diomaye Faye et Ousmane Sonko, les désaccords s’étalent au grand jour

La tension au sein du pouvoir sénégalais se fait désormais palpable. La décision du président Bassirou Diomaye Faye de mettre fin à la mission d’Aïda Mbodj a ravivé les fractures au sein de la coalition présidentielle, exposant au grand jour les divergences entre lui et son Premier ministre, Ousmane Sonko.

Une décision présidentielle perçue comme un désaveu

Le limogeage d’Aïda Mbodj, ancienne coordonnatrice de la coalition présidentielle, a créé une onde de choc. Quelques jours plus tôt, Ousmane Sonko avait affirmé publiquement qu’aucun changement ne serait opéré à ce poste, réaffirmant sa confiance envers Mbodj. En agissant à contre-courant, Diomaye Faye a posé un acte interprété comme une mise au point politique : il entend rappeler qu’il reste le seul détenteur du pouvoir exécutif.

Selon plusieurs observateurs, cette décision équivaut à un signal adressé à son Premier ministre. Le chef de l’État a ainsi voulu marquer une distance face aux injonctions répétées de Sonko, qui lui demandait notamment d’écarter des figures comme Abdourahmane Diouf et Mimi Touré. En maintenant ces personnalités au sein de son entourage, Diomaye Faye a non seulement défié publiquement l’autorité de Sonko, mais il a aussi consolidé l’image d’un président refusant toute tutelle politique.

Une alliance fragilisée par la rivalité des légitimités

Leur partenariat, né d’une fraternité politique et d’un long compagnonnage au sein du Pastef, est aujourd’hui soumis à rude épreuve. Ousmane Sonko, longtemps figure centrale de l’opposition, est celui qui a propulsé Bassirou Diomaye Faye à la magistrature suprême après avoir été empêché de se présenter à la présidentielle. Ce soutien historique confère à Sonko une légitimité militante forte auprès de la base du parti, tandis que le président incarne la légitimité institutionnelle issue des urnes.

Leur cohabitation, à l’image d’un attelage fragile, repose sur un équilibre instable. En prenant la parole lors du téra-meeting, Sonko a publiquement mis le chef de l’État face à un dilemme : suivre ses consignes et apparaître comme un président sous influence, ou s’en affranchir et risquer de rompre avec une partie de la base pastefienne. En tranchant en faveur de la seconde option, Diomaye Faye semble avoir choisi de consolider son autorité, quitte à provoquer des remous internes.

Cette décision a également des effets collatéraux. En plaçant Mimi Touré à la tête de la coalition « Diomaye Président », le chef de l’État conforte de fait Abdourahmane Diouf, ministre de l’Environnement, que Sonko souhaitait écarter. Ce geste traduit une volonté claire de maîtriser son gouvernement sans céder à la pression du parti.

Le Pastef monte au créneau

Quelques heures après l’annonce présidentielle, le Pastef a publié un communiqué désavouant ouvertement la décision du chef de l’État. Le parti a réaffirmé qu’Aïda Mbodj demeure la seule coordonnatrice légitime de la coalition, rejetant ainsi la nomination de Mimi Touré. Ce désaveu souligne que, selon le Pastef, Diomaye Faye n’a pas autorité pour imposer des changements au sein de la coalition, dont la direction relève avant tout du parti.

Cette réaction illustre la fracture désormais visible entre la logique institutionnelle du président et la logique partisane de son Premier ministre. Elle met aussi en évidence la bataille d’influence interne : le Pastef défend son rôle central dans la conduite de la coalition, tandis que Diomaye Faye cherche à affirmer la prééminence de sa fonction présidentielle.

Un tournant politique

La réaction d’Ousmane Sonko et du Pastef marque un tournant dans la relation entre les deux têtes de l’exécutif. Le silence des ministres, habituellement très actifs sur les réseaux sociaux, traduit une gêne palpable face à cette confrontation ouverte. L’épisode révèle surtout la difficulté de maintenir une cohésion entre la présidence et un parti dont le fondateur conserve une forte influence politique.

Le désaveu du Pastef, loin d’être anodin, annonce une recomposition des rapports de force au sein de la majorité. Entre un président qui affirme son autorité et un Premier ministre soutenu par une base militante fidèle, la coalition au pouvoir semble engagée dans une phase de clarification où chaque camp entend redéfinir sa place.

2 réflexions au sujet de “Sénégal : entre Diomaye Faye et Ousmane Sonko, les désaccords s’étalent au grand jour”

  1. ils sont chiants
    il semblerait que la coalition diomaye faye president soit une aassociation de fait
    et q’elle n ‘ait pas de statuts ou ls n’ont pas ete publies
    cest le grand desordre
    on devrait obliger les partis politiques a publier leur statuts cest le ba ba
    peu de partis politiques au benin publient leurs statuts sur le net

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  2. Je ne vois pas. ce qui suscite tant de commentaires
    Depuis la nuit des temps..les rapports..la perception et l exercice du pouvoir..par rapport aux hommes n ont pas changé..
    Olivier boko..et Kim..
    Kim.ajavon..
    kerekou aipke et consort..
    Sankara Compaoré
    Dis je..illustrent.. bien ce qui se passe au Sénégal
    Ousmane sonko..a la légitimité du pouvoir..c est une évidence
    Dans ce bras de fer..diomafaye..ne tiendra pas…

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