Sénégal : Le FMI reporte la conclusion d’un nouvel accord

La mission du Fonds monétaire international (FMI) à Dakar s’est achevée sans nouvel accord de financement. L’institution de Bretton Woods souhaite poursuivre les discussions dans les prochaines semaines, après la mise au jour d’une dette non déclarée estimée à près de sept milliards de dollars. Le gouvernement sénégalais affirme vouloir rétablir la transparence et restaurer la confiance des partenaires financiers.

Des discussions prolongées sous haute vigilance

À l’issue de deux semaines de consultations, Edward Gemayel, chef de mission du FMI au Sénégal, a confirmé que « les discussions continuent » en vue d’un nouvel accord. L’organisation souhaite, selon lui, finaliser un programme de prêt dès que possible, mais juge nécessaire de s’assurer de la fiabilité des comptes publics avant tout engagement.


L’enjeu principal réside dans la gestion d’une dette non déclarée évaluée à environ sept milliards de dollars, contractée entre 2019 et 2024. Cette situation, qualifiée d’« inédite en Afrique » par le responsable du FMI, a ralenti les négociations ouvertes depuis le mois d’août. L’équipe du Fonds réclame désormais des garanties concrètes, notamment la centralisation de la dette publique sous une même autorité et la publication complète des audits en cours. Ces mesures devraient être détaillées dans le futur cadre de coopération économique, dont un résumé pourra être consulté ultérieurement sur un site gouvernemental dédié.

Les autorités sénégalaises assurent, de leur côté, maintenir le dialogue et s’engager sur une voie de redressement budgétaire. L’objectif affiché est de restaurer la crédibilité financière du pays et de retrouver l’appui budgétaire du FMI, indispensable au financement des projets d’infrastructures et à la stabilisation du franc CFA. Un communiqué du ministère des Finances devrait préciser prochainement les étapes de la réforme.

Un passif budgétaire lourd et des réformes attendues

Entre 2019 et 2024, plusieurs milliards de dollars de dettes n’auraient pas été intégrés dans les rapports transmis au FMI sous la présidence de Macky Sall. Ces engagements, souvent contractés via des agences publiques et des partenariats parapublics, ont été identifiés par la nouvelle équipe gouvernementale à la suite d’un audit approfondi. Leur révélation a provoqué une réaction immédiate des institutions financières internationales et des agences de notation.


L’agence Moody’s a ainsi abaissé à trois reprises la note souveraine du Sénégal en un an, soulignant une trajectoire d’endettement préoccupante. Selon ses estimations, la dette publique atteindrait aujourd’hui 132 % du PIB, un niveau qui fragilise les capacités d’investissement et renchérit le coût du crédit pour l’État. Cette tendance pourrait compliquer les levées de fonds prévues sur les marchés régionaux de la dette à court terme.

En rappel, le Sénégal bénéficie depuis 2019 d’un partenariat stratégique avec le FMI dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Ces instruments avaient permis de soutenir les finances publiques durant la pandémie de COVID-19 et d’accompagner les réformes structurelles liées au Plan Sénégal Émergent. La suspension actuelle du programme intervient donc à un moment critique, marqué par une reprise encore fragile et par l’attente des premières recettes issues de l’exploitation pétrolière et gazière.

Pour le FMI, la priorité reste la mise en place de mécanismes durables de transparence et de discipline budgétaire. Une nouvelle mission technique devrait être programmée avant la fin de l’année pour évaluer les progrès réalisés et, éventuellement, soumettre un projet d’accord au Conseil d’administration du Fonds.

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