Ce 19 novembre 2025, une rencontre stratégique s’est tenue au siège du Port autonome de Dakar entre les autorités portuaires et une délégation du Mali, conduite par la ministre des Transports, Madina Sissoko Dembélé nous informe la RTS. Les échanges ont porté sur la relance du corridor Dakar-Bamako, fragilisé par des attaques armées ayant immobilisé plus de 2 000 conteneurs maliens à Dakar. Les marchandises concernées incluent des produits essentiels à l’économie malienne, rendant urgente la recherche de solutions partagées. Les deux parties souhaitent activer une réponse coordonnée, dont certains volets pourront être détaillés via des liens dédiés. Cette réunion illustre la place stratégique de l’axe reliant les deux capitales.
Relancer l’artère commerciale Dakar-Bamako
Le directeur général du Port de Dakar, Waly Diouf Bodiang, a accueilli les représentants maliens, parmi lesquels le Conseil malien des chargeurs, la Chambre de commerce et d’industrie, les transporteurs et transitaires. Il a rappelé le poids économique du corridor : près de 65 % du commerce extérieur du Mali passe par Dakar. Cette relation, ancienne et structurante, explique l’impact immédiat de l’arrêt du transit sur les deux économies.
L’une des décisions fortes annoncées a été l’annulation complète des pénalités de stockage et de magasinage pour les opérateurs maliens, visant à alléger les coûts liés aux dépassements de franchise. Waly Diouf Bodiang a assuré que le Sénégal se tiendrait “aux côtés du Mali”, évoquant une mobilisation administrative destinée à accélérer la reprise. La délégation malienne a salué cette attitude, rappelant que les importateurs subissent des coûts importants liés à une situation imposée par l’insécurité, et non par un défaut de planification.
Les discussions ont également porté sur l’augmentation du transit malien à Dakar, évaluée à 8 % cette année, accentuant la pression sur les capacités du port. Les deux délégations ont convenu d’un comité de suivi rapproché, de l’accélération du déploiement du guichet unique portuaire électronique et d’un examen des options de sécurisation des convois. Parmi celles-ci figurent des escortes renforcées ou des itinéraires alternatifs via la Mauritanie ou la Guinée.
Un corridor fragilisé par l’insécurité croissante
Le blocage logistique reste directement lié à l’évolution sécuritaire au Mali. Le 1ᵉʳ juillet, le poste-frontière de Diboli, à deux kilomètres de Kidira, a subi une attaque armée perturbant l’axe Dakar-Bamako. Ce point de passage, essentiel au commerce sous-régional, est l’un des rares accès terrestres vers Bamako. L’incident a montré que les groupes armés ciblent désormais les circuits économiques, mettant en risque les chaînes d’approvisionnement. Les autorités des deux pays craignent une amplification de ces perturbations, notamment pour les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, de la distribution alimentaire et de l’industrie minière.
La ministre Madina Sissoko Dembélé a regretté les “désagréments” causés par cette immobilisation, évoquant un “cas de force majeure” ayant généré des pertes économiques importantes. Elle a salué “la compréhension” des autorités et opérateurs sénégalais. Pour le Sénégal, l’enjeu porte également sur la gestion de la congestion portuaire induite par l’accumulation des conteneurs maliens.
Au terme de la rencontre, Waly Diouf Bodiang a estimé que la situation “exceptionnelle” du corridor impose des mesures tout aussi exceptionnelles destinées à rétablir progressivement la fluidité de l’axe Dakar-Bamako.



