Le Novotel Orisha de Cotonou a accueilli, mercredi 10 décembre 2025, le lancement de l’ouvrage Financer l’Afrique autrement : le pari de l’assurance, signé par l’expert béninois Magloire Dochamou. Devant un public composé de représentants d’institutions internationales, de dirigeants d’entreprises, d’universitaires et d’acteurs du secteur financier, la rencontre a pris un relief particulier après une minute de silence en hommage aux victimes de la tentative de putsch du 7 décembre.
Cette entrée en matière a installé un climat de réflexion sur les enjeux de souveraineté financière au moment où les économies africaines cherchent de nouvelles marges d’action. La présence d’un représentant de la Banque mondiale et de plusieurs dirigeants de compagnies d’assurance a illustré l’intérêt croissant pour les questions de mobilisation des ressources internes. Pour Magloire Dochamou, ce sujet demeure central dans les stratégies de développement du continent.
Au nom de la maison d’édition Encrage, Esaïe Anoumon a présenté l’ouvrage comme « un manifeste pour une Afrique qui ose, qui innove et qui croit en ses propres mécanismes de régénération ». Il a rappelé la volonté de la maison de soutenir des essais capables d’alimenter la réflexion publique.
« L’assurance n’est pas un luxe »
Magloire Dochamou a dressé un diagnostic sans détour du secteur assurantiel africain, marqué par un taux de pénétration inférieur à 2 % depuis plusieurs décennies. À ses yeux, cette situation s’explique par l’absence d’une stratégie cohérente de mobilisation de l’épargne locale.
Il plaide pour une réforme profonde du secteur : extension des assurances obligatoires, mise à jour du Code CIMA, application stricte des obligations existantes, notamment l’assurance automobile. Selon lui, ces mesures renforceraient la capacité des assureurs à soutenir les investissements publics et réduiraient la dépendance des États aux financements extérieurs.
Un ouvrage qui structure le débat
Le journaliste et critique littéraire Jasmin Ghézo a souligné la clarté du livre, qu’il décrit comme une « architecture économique ». Il rappelle que, dans de nombreux pays, les compagnies d’assurance jouent un rôle déterminant dans le financement des infrastructures et constituent des investisseurs institutionnels majeurs. Selon lui, l’Afrique dispose déjà d’un important potentiel d’épargne, encore dispersé. L’auteur propose une méthode pour l’organiser et en faire un pilier de souveraineté financière.
Ghézo voit dans cet ouvrage une occasion pour le Bénin d’engager des réformes : ajustement du cadre juridique, programmes pilotes d’assurance innovante, création d’un Observatoire national de l’assurance.
Un message pour une gouvernance financière nouvelle
La séance a donné lieu à un échange ouvert sur la faisabilité des réformes, le rôle de l’État, la responsabilisation des assureurs et la communication nécessaire pour accompagner toute transformation. Magloire Dochamou a conclu en affirmant : « La souveraineté commence lorsque nous sécurisons nos propres risques. » Un message qui a trouvé un écho fort auprès du public.



