Coopération japonaise : quand les infrastructures transforment l’éducation et la mobilité au Bénin

De l’école secondaire d’Okoun-Sèmè au campus de l’Injeps à Adjarra, en passant par le chantier stratégique de l’échangeur de Vêdoko, la coopération japonaise illustre, sur le terrain, son engagement en faveur du développement humain et économique du Bénin. La visite de terrain organisée dans le cadre de la Coopération japonaise au développement 2025, qui s’est tenue le vendredi 19 décembre, a permis aux journalistes de mesurer l’impact réel des projets financés par le Japon au Bénin.

Trois sites emblématiques ont été parcourus : le CEG d’Okoun-Sèmè à Sèmè-Podji, l’Institut national de la jeunesse, de l’éducation physique et du sport (Injeps) à Adjarra, et le carrefour Vêdoko à Cotonou, où s’élève un chantier d’envergure nationale.

Sur chacun de ces sites, une même réalité se dégage. Des infrastructures utiles, et pour la plupart visibles et déjà intégrées dans le quotidien des populations bénéficiaires, mais aussi des besoins persistants face à la croissance démographique et aux exigences de formation.

À l’Injeps, un gymnase devenu trop étroit pour une jeunesse nombreuse

 Créé en 1974, l’Injeps forme les professionnels béninois du sport et de l’éducation physique. Longtemps installé sur un site d’emprunt à Porto-Novo, l’institut occupe progressivement un nouveau campus de 20 hectares à Adjarra, appelé à accueillir l’ensemble des apprenants dès l’année prochaine.

Au cœur de cette dynamique, le gymnase de judo, construit grâce à un don du Japon, occupe une place stratégique. Mis en service en 2017, à la suite d’un contrat signé en 2015 pour un montant de 45,5 millions de frans Cfa, l’ouvrage est équipé de tatamis aux normes internationales et accueille aussi bien les cours généraux que les enseignements de spécialité en judo.

« Ce gymnase a permis d’améliorer le niveau de pratique de nos étudiants et leur reconnaissance au sein de la fédération », explique Gbaguidi Arnauld, directeur adjoint chargé des affaires académiques. Mais l’infrastructure, conçue pour 100 à 150 étudiants, peine désormais à contenir des effectifs qui oscillent entre 200 et 400 apprenants par séance.

Avec près de 2 000 étudiants inscrits à l’Injeps et une formation fondée sur un apprentissage personnalisé, la pression est forte. « C’est un pied d’appel que nous lançons à l’ambassade du Japon », confie le responsable, qui plaide pour la construction d’un nouveau gymnase, mais aussi d’infrastructures complémentaires : vestiaires, douches, sanitaires et salles de cours.

Malgré ces défis, les résultats sont là. « Il n’y a presque pas de chômage à la sortie de l’Injeps », souligne-t-il. Ces résultats illustrent l’efficacité externe de l’institution.

Au CEG d’Okoun-Sèmè, des salles de classe pour apprendre dignement

À Okoun-Sèmè, dans la commune de Sèmè-Podji, l’impact du soutien japonais est tout aussi palpable. Le projet de construction et d’équipement de quatre salles de classe, financé à hauteur de 41,7 millions de francs Cfa, a été inauguré le 2 septembre 2020, après la signature du contrat de don en octobre 2019.

Pour Salomon Zannou, directeur du collège, ce module a marqué un tournant. « Avant, nous manquions cruellement de salles de classe. Les effectifs étaient pléthoriques et il arrivait que les cours se tiennent sous les arbres », rappelle-t-il. Aujourd’hui, les conditions d’enseignement se sont nettement améliorées, même si les besoins restent importants.

Le CEG compte environ 1 500 élèves pour 17 salles de classe, dont seulement 12 en matériaux définitifs. À cela s’ajoute l’absence de clôture, qui expose l’établissement à des risques sécuritaires.

La voix des élèves traduit à la fois gratitude et espoir. Devant les officiels japonais, les bénéficiaires de ce don ont remercié le Japon pour leur avoir offert des salles de classe qui leur permettent de souffler, tout en sollicitant un accompagnement supplémentaire pour la construction de nouvelles salles et d’une clôture.

L’échangeur de Vêdoko, un chantier stratégique pour Cotonou

Dernier projet mis en lumière lors de cette visite de terrain, l’échangeur de Vêdoko.  Au carrefour Vêdoko, le Japon finance, sous forme d’aide non remboursable, la construction d’un échangeur moderne pour un montant de 4,71 milliards de yens japonais, soit environ 15,28 milliards francs Cfa.

Lancé officiellement le 28 octobre 2025, le projet vise à fluidifier la circulation, réduire les temps et coûts de transport, stimuler le commerce et renforcer l’intégration régionale. Il sera réalisé par des entreprises japonaises en collaboration avec des partenaires béninois.

Une coopération inscrite dans la durée

En clôturant la visite, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Japon près la République du Bénin, Uezono Hideki, a rappelé la portée symbolique de ces projets, alors que 2025 marque le 65ᵉ anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays. De l’éducation à la jeunesse, du sport aux infrastructures routières, la coopération japonaise se veut un levier durable de développement.

Tout en appelant les médias à accompagner cette dynamique, le diplomate a réaffirmé l’engagement du Japon à œuvrer aux côtés du Bénin pour des projets à fort impact humain et économique.

Sur le terrain, entre salles de classe pleines, dojo animé et chantier d’envergure, la coopération n’est pas un concept abstrait. Elle se vit, se mesure et continue de s’écrire, au rythme des besoins et des espoirs des populations béninoises.

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