Entrepreneuriat agricole : Une véritable opportunité pour la jeunesse béninoise

Le Bénin, avec son dynamisme démographique, est à la croisée des chemins. Une jeunesse nombreuse et entreprenante cherche sa voie, mais semble s’égarer dans des secteurs à la rentabilité illusoire, tandis que le véritable moteur de l’économie nationale, l’agriculture, attend d’être pleinement exploité. L’engouement pour l’ouverture de bars, de restaurants et d’espaces de loisirs, qui pullulent dans les grandes villes, masque une réalité économique fragile et un besoin urgent de réorientation stratégique vers l’entrepreneuriat agricole.

L’observation est quasi-universelle dans les centres urbains béninois : de jeunes entrepreneurs, souvent animés d’une volonté farouche de réussir, investissent des sommes considérables – parfois issues de la diaspora ou de prêts familiaux – dans des établissements de restauration et de divertissement. Ces projets, perçus comme des symboles de modernité et de réussite rapide, se heurtent malheureusement à une dure loi du marché. La concurrence est féroce, la gestion des coûts est souvent approximative, et le manque de fonds de roulement conduit inexorablement à une vague de fermetures prématurées. L’ouverture de bar et autres établissement de loisir et de détente n’est pas mauvaise en soi. Mais le niveau de vie de la population béninoise ne lui permet pas aujourd’hui de faire prospérer ce genre d’entreprise, surtout si elle n’est pas très bien structurée. Pour beaucoup de ceux qui s’y aventurent, l’investissement initial n’est jamais remboursé, laissant derrière lui des dettes et une désillusion amère.

Cette tendance est symptomatique d’une perception erronée de l’entrepreneuriat, où l’attrait du secteur tertiaire prend le pas sur la nécessité de s’attaquer aux problèmes fondamentaux du pays. C’est une fuite en avant vers une économie de façade, qui ne crée que peu de valeur ajoutée durable et ne contribue que marginalement à la stabilité économique nationale.

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Le pilier agricole, clé de voûte de la stabilité

Pourtant, la solution à la fois à l’emploi des jeunes et à la consolidation économique du Bénin se trouve dans ses terres. L’agriculture est le pilier historique de l’économie béninoise. Bien que sa contribution au produit intérieur brut (PIB) soit officiellement autour de 24%, elle emploie près de 70% de la population active. Le coton, le cajou et le soja restent les principales sources de devises, soulignant la dépendance du pays à ce secteur.

Cependant, l’économie béninoise est aujourd’hui principalement fiscale, c’est-à-dire fortement dépendante des impôts indirects et des recettes douanières, notamment celles générées par le commerce de réexportation. Cette structure la rend vulnérable aux chocs externes et aux fluctuations des échanges régionaux. Pour s’affranchir de cette fragilité et devenir véritablement stable, le Bénin doit impérativement transformer son agriculture pour en faire un moteur de croissance plus robuste et moins sensible aux aléas.

Combattre la faim par l’abondance

Le contraste entre l’échec entrepreneurial dans le secteur des services et l’opportunité agricole est d’autant plus criant que la faim gagne du terrain. La sécurité alimentaire reste un défi majeur. Des projets ambitieux, soutenus par des institutions comme la Banque africaine de développement, visent à renforcer la résilience agricole face aux chocs climatiques et à lutter contre la malnutrition. Mais ces efforts institutionnels ne peuvent réussir sans l’engagement massif de la jeunesse.

L’entrepreneuriat agricole moderne n’est plus synonyme de labeur archaïque. Il représente une opportunité d’innovation, de mécanisation et de haute technologie. Les jeunes entrepreneurs peuvent se positionner sur toute la chaîne de valeur : de la production de semences améliorées à l’utilisation de drones pour l’irrigation de précision, en passant par la transformation agroalimentaire et la logistique de distribution.

Une production agricole abondante et diversifiée est la seule réponse durable à l’insécurité alimentaire. Elle permet de stabiliser les prix, de créer des emplois ruraux décents et de générer des excédents exportables, réduisant ainsi la dépendance aux recettes fiscales volatiles.

L’appel à la terre

L’État béninois a un rôle crucial à jouer en rendant l’agriculture plus attractive. Cela passe par l’accès facilité au foncier, le financement adapté aux cycles agricoles longs, la formation technique et l’incubation de projets agro-industriels. Les jeunes, quant à eux, doivent opérer un changement de mentalité et reconnaître que la terre n’est pas un refuge de dernier recours, mais un champ d’opportunités illimitées.

L’entrepreneuriat agricole au Bénin est plus qu’une simple option économique ; c’est un impératif national. C’est la voie la plus directe pour créer une richesse inclusive, garantir la souveraineté alimentaire et bâtir une économie stable et résiliente. Le temps est venu pour la jeunesse béninoise de troquer l’éphémère pour le durable, et de faire de l’agriculture le véritable moteur de son avenir.

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