Face à l’Occident, Poutine cherche un appui stratégique en Inde

La rencontre entre Vladimir Poutine et Narendra Modi à New Delhi attire l’attention car elle révèle la volonté du Kremlin de s’appuyer sur un partenaire solide pour conserver une marge de manœuvre sur la scène internationale. L’Inde, qui entretient une relation ancienne avec la Russie, se retrouve ainsi au cœur des calculs diplomatiques du président russe.

Depuis plusieurs mois, Moscou renforce activement ses liens avec les pays disposés à maintenir un dialogue direct malgré les critiques occidentales. Cette dynamique, stimulée par les restrictions et les ruptures successives avec les capitales européennes et nord-américaines, favorise un recentrage sur des alliés jugés fiables. C’est dans cette logique que s’insère le déplacement du chef du Kremlin en Inde, présenté comme un moment clé pour les deux gouvernements.

Coopération Inde Russie et pressions américaines

Les discussions entre les deux dirigeants mettent en évidence l’un des enjeux les plus sensibles du moment : la pression exercée par Washington sur New Delhi pour qu’elle réduise ses achats de pétrole russe. Malgré ces appels répétés, l’Inde continue de se fournir auprès de Moscou, attirée par des prix jugés avantageux. Cette position agace les États-Unis, qui estiment que ces importations soutiennent indirectement l’économie russe en période de guerre en Ukraine.

Peu avant son déplacement, Vladimir Poutine a vanté la détermination de Narendra Modi, qualifié d’homme qui ne céderait pas facilement aux injonctions extérieures. À son arrivée, le Premier ministre indien lui a réservé un accueil particulièrement chaleureux, soulignant une relation qu’il présente comme constante et bénéfique. Cette mise en scène publique confirme que les deux capitales veulent afficher une proximité assumée.

Pour l’Inde, l’entretien intervient alors qu’elle traverse une séquence difficile avec les États-Unis. Les droits de douane récemment imposés par Washington compliquent ses échanges commerciaux, ce qui l’amène à renforcer d’autres partenariats. Un spécialiste de l’Asia Group souligne d’ailleurs que cette stratégie de diversification permet au gouvernement indien d’amortir l’impact de ces frictions économiques.

Stratégie russe et calculs diplomatiques avec l’Inde

Pour la Russie, l’enjeu dépasse la seule vente d’hydrocarbures. Le Kremlin cherche à montrer qu’il conserve des relations de confiance avec des puissances importantes, capables d’offrir une visibilité internationale minimale alors que les portes occidentales se ferment. L’Inde, qui refuse d’adopter une posture alignée sur les critiques formulées par Washington et Bruxelles, devient ainsi un partenaire particulièrement utile.

Narendra Modi met de son côté en avant une coopération consolidée au fil des décennies, qui englobe tant les échanges stratégiques que les accords économiques. Cette insistance sur la durée sert à rappeler que la relation indo-russe ne dépend pas d’un seul événement. Malgré la pression américaine, New Delhi privilégie une approche pragmatique : préserver ses intérêts tout en maintenant plusieurs canaux de dialogue à l’échelle mondiale.

Pour Moscou, cette ouverture représente une façon de réduire son isolement. Il est possible que les deux pays poursuivent leurs discussions pour stabiliser une relation qu’ils estiment avantageuse, même si certains sujets restent sensibles.

1 réflexion au sujet de « Face à l’Occident, Poutine cherche un appui stratégique en Inde »

  1. « la pression exercée par Washington sur New Delhi pour qu’elle réduise ses achats de pétrole russe »

    Pourtant la Charte de l’ONU (Art. 2(7)), signée par les USA, consacre le principe de non-ingérence (ou non-intervention) dans les affaires intérieures des États.

    Confirmation que les USA, état voyou, signent des traités d’abord et s’assoit dessus ensuite. Evidemment que l’Inde préfère travailler avec des gens plus respectueux de leur propre parole.

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