Ils disent avancer avec l’impression de frapper contre un mur. Plus d’un an après la mort de leur fils, l’infirmier militaire Pierre-Olivier Kleitz, ses parents continuent de multiplier les démarches pour obtenir des explications claires sur les circonstances judiciaires qui ont précédé son suicide en détention. Pour Michel Kleitz et Christine Elion, l’objectif ne change pas : comprendre ce qui s’est réellement passé, afin de défendre la mémoire d’un homme qu’ils considèrent comme dévoué à son uniforme et à la France. L’information a été rapportée par France 3.
Avant d’en arriver à cette bataille administrative, Pierre-Olivier Kleitz avait été mis en examen pour homicide volontaire après la mort d’un soldat tchadien lors d’une mission. Il soutenait avoir agi pour se protéger. Les autorités tchadiennes avaient clos leurs investigations en concluant à un non-lieu. L’armée française avait elle aussi retenu la thèse de la légitime défense, avant qu’un virage judiciaire inattendu relance les poursuites. Quelques mois plus tard, l’infirmier militaire était incarcéré à Fresnes, où il s’est donné la mort. Cette chronologie reste au cœur de l’incompréhension de la famille, qui estime que rien n’a été éclairci.
Pressions administratives et frustrations judiciaires en France
Les parents racontent n’avoir reçu que des informations parcellaires sur le dossier de leur fils. Leur avocat, Me Ramael, a sollicité un accès formel au contenu judiciaire en écrivant au parquet de Paris. Aucun retour n’est arrivé, ce qui a poussé la famille à demander une rencontre avec le procureur. Elle n’a obtenu qu’un refus de transmission du dossier au format papier, malgré plusieurs déplacements sur place.
Christine Elion témoigne d’un échange particulièrement éprouvant avec une représentante de la justice, qu’elle décrit comme froide et inflexible, leur annonçant que « l’affaire était classée » sans ouverture à la discussion. Selon elle, cette attitude a renforcé le sentiment d’humiliation et d’abandon, d’autant plus que son fils avait risqué sa vie à plusieurs reprises au service de la France. Ses parents rappellent qu’il avait survécu à l’explosion d’une mine au cours d’une mission antérieure, ce qui, à leurs yeux, aurait dû susciter davantage de considération.
Rencontre au ministère de la Justice sans avancée pour la famille Kleitz
Le 18 novembre 2025, Michel Kleitz et Christine Elion pensaient enfin franchir une étape déterminante : un rendez-vous avec le ministère de la Justice avait été obtenu après de longs mois d’insistance. L’espoir d’accéder au dossier, ou au moins à un résumé clair, a cependant rapidement disparu. Les requêtes formulées au cours de l’entretien ont été rejetées les unes après les autres. La mère du militaire dit avoir eu le sentiment que tout était fait pour décourager leurs démarches, comme si leur présence dérangeait plus qu’elle n’appelait une réponse.
Pour la famille, cette impasse administrative alimente une douleur qui ne faiblit pas. Ils répètent qu’ils n’accusent personne sans preuve, mais qu’ils exigent le droit de consulter les éléments judiciaires pour reconstruire un enchaînement qu’ils estiment incohérent : un non-lieu au Tchad et l’aval initial de l’armée française sur la légitime défense, suivis d’une mise en examen en France et d’une incarcération rapide d’un homme fragilisé psychologiquement par ses missions.
