La trajectoire politique de Nicki Minaj a connu plusieurs virages spectaculaires au fil des années. La rappeuse originaire de Trinidad-et-Tobago, arrivée aux États-Unis comme immigrante illégale à l’âge de cinq ans, a longtemps incarné une voix progressiste dans le rap. Elle avait notamment dénoncé les politiques migratoires sévères, exprimé son soutien à Hillary Clinton en 2016, et critiqué ouvertement la séparation des familles à la frontière sous la première présidence Trump en 2018. Pourtant, ces derniers mois ont marqué un basculement radical : celle qui refusait catégoriquement de rejoindre le mouvement MAGA en 2020 s’affiche désormais comme l’une des alliées les plus vocales de l’administration actuelle.
Ce week-end à Phoenix, lors de l’AmericaFest organisé par Turning Point USA, la reine autoproclamée du rap a franchi un nouveau cap dans son ralliement au camp conservateur. Face à un public de jeunes militants ultraconservateurs, Minaj a multiplié les déclarations qui ont immédiatement enflammé les réseaux sociaux et provoqué la consternation d’une partie de sa base de fans.
Les compliments appuyés de Minaj envers le président américain
Vêtue sobrement d’une robe noire, l’artiste n’a pas hésité à qualifier le président de « séduisant et irrésistible ». Elle a également vanté les mérites de l’administration en affirmant qu’elle était « remplie de gens qui ont du cœur ». Interrogée par Erika Kirk, veuve du fondateur de Turning Point USA, la rappeuse a déclaré avoir « le plus grand respect et la plus grande admiration » pour le chef d’État américain.
Ces éloges s’étendent au vice-président JD Vance, que Minaj a décrit comme un modèle exceptionnel pour la jeunesse masculine américaine. Dans un moment particulièrement embarrassant, elle l’a qualifié d’« assassin » avant de se reprendre maladroitement, créant un malaise palpable étant donné que le mari d’Erika Kirk avait été tué par balles quelques mois auparavant. La présentatrice a rapidement tenté de désamorcer la situation en assurant qu’elle comprenait les intentions de son invitée.
Le vice-président lui-même a réagi publiquement aux propos de la rappeuse, saluant sur les réseaux sociaux ce qu’il a qualifié de commentaire « profond ». Vance est même intervenu dans la rivalité de longue date entre Minaj et Cardi B, se positionnant ouvertement en faveur de la première. La Maison Blanche n’est pas restée en marge de cette effusion de soutien mutuel, republiant les déclarations enthousiastes de l’artiste sur ses comptes officiels.
La controverse autour des déclarations sur les petites filles et la beauté
Au-delà des compliments adressés au pouvoir exécutif américain, Nicki Minaj a tenu des propos qui ont particulièrement choqué une partie de son public historique. Abordant la question de la représentation et de l’estime de soi chez les jeunes filles, elle a affirmé qu’il ne fallait pas dévaloriser les enfants aux cheveux blonds et aux yeux bleus pour valoriser les enfants noirs.
La rappeuse a expliqué percevoir une tendance médiatique récente qui, selon elle, encouragerait la fierté des enfants noirs tout en demandant simultanément aux autres enfants de ne pas être fiers d’eux-mêmes. Elle a ajouté ne pas avoir besoin que les femmes blondes aux yeux bleus minimisent leur beauté pour qu’elle reconnaisse la sienne propre. Ces déclarations ont été saluées par le vice-président comme une réflexion importante sur l’inclusivité.
L’artiste a également utilisé la scène pour exprimer des positions clairement transphobes, affirmant que les garçons devraient rester des garçons et critiquant le gouverneur de Californie Gavin Newsom pour ses politiques en faveur des droits des personnes transgenres. Ces sorties publiques représentent un contraste saisissant avec son passé de jurée dans l’émission RuPaul’s Drag Race et sa déclaration de 2020 proclamant son « allégeance à la cause du drag ».
Face aux critiques massives qu’elle reçoit depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux, Minaj a adopté une posture de défi. Elle a affirmé que ses détracteurs étaient « mécontents d’eux-mêmes » tandis qu’elle et ses nouveaux alliés conservateurs représentaient désormais « les gens cool ». La rappeuse a également déclaré en avoir assez d’être « bousculée » et de reculer face aux pressions, promettant de ne plus jamais céder.
Ce revirement spectaculaire soulève de nombreuses interrogations parmi les observateurs et les fans de longue date. Certains commentateurs ont émis l’hypothèse, sans preuves tangibles, que cette proximité soudaine avec l’administration pourrait être liée à la situation judiciaire de son époux Kenneth Petty, condamné en 2022 pour défaut d’enregistrement en tant que délinquant sexuel. L’artiste a récemment participé à un événement aux Nations Unies aux côtés de l’ambassadeur américain Mike Waltz, où elle a dénoncé les persécutions contre les chrétiens au Nigeria, reprenant des arguments de l’administration Trump.
La meilleure vendeuse de disques rap féminine de tous les temps, avec plus de 100 millions d’exemplaires vendus dans le monde selon la Recording Industry Association of America, divise aujourd’hui profondément sa base de fans. Certains l’accusent d’hypocrisie en rappelant son statut d’ancienne immigrante clandestine et sa base historique composée de personnes LGBTQ+ et de personnes racisées. D’autres continuent de la soutenir inconditionnellement, affirmant qu’elle reste fidèle à elle-même malgré les controverses.
