Sénégal : Signaux autour d'une possible restructuration de la dette

La question de la soutenabilité financière du Sénégal revient au premier plan après une nouvelle évaluation de Bank of America Global Research, qui juge de plus en plus probable l’ouverture de négociations sur la dette extérieure au second semestre 2026. Cette analyse intervient alors que les autorités sénégalaises tentent de stabiliser une situation héritée de l’accumulation de dettes non déclarées sous l’administration précédente, révélées après l’arrivée aux responsabilités de l’équipe actuelle.

Analyse de Bank of America et impact sur les marchés financiers

Dans sa dernière note, Bank of America estime que la probabilité d’un moratoire sur la dette extérieure augmente, en raison de la difficulté du pays à gérer plusieurs milliards d’engagements non comptabilisés auparavant. Le recul des obligations sénégalaises illustre la nervosité des investisseurs : certains titres ont perdu plus de deux cents points en une journée, tandis que l’eurobond à échéance 2031 a atteint un plus bas de 62,67 cents.

L’institution américaine considère que le marché financier local demeure relativement stable, ce qui pourrait encourager l’État à privilégier une suspension temporaire des paiements extérieurs avant d’entrer dans une phase de discussions avec les créanciers. Ce scénario est toutefois contesté par le gouvernement, qui a plusieurs fois réaffirmé sa volonté de rembourser ses dettes sans recourir à une restructuration. Le Premier ministre Ousmane Sonko avait récemment qualifié les pressions présumées du FMI en faveur d’une restructuration de « honteuses », avant que l’exécutif ne précise que les échanges avec le Fonds se poursuivaient normalement.

Pressions du FMI, PRES et recherche d’alternatives financières au Moyen-Orient

Les échanges entre Dakar et le Fonds monétaire international évoluent depuis plusieurs semaines. Le FMI a indiqué avoir enregistré des avancées significatives vers un nouveau programme de prêts, tout en menant une enquête interne sur l’absence de détection de dettes non déclarées qui, selon le Fonds, auraient porté l’endettement total à environ 132 % du PIB fin 2024. Ce rappel souligne l’ampleur du défi économique pour les autorités actuelles, qui doivent restaurer la crédibilité budgétaire du pays.

Bank of America a également exprimé des doutes concernant l’efficacité du Plan de redressement économique et social (PRES), jugé insuffisant pour apaiser les tensions liées au service de la dette. Des économistes indiquent toutefois qu’un recours à des financements concessionnels auprès de pays du Golfe pourrait offrir une marge de manœuvre. Une délégation gouvernementale, conduite par le Premier ministre et le ministre des Finances, s’est récemment rendue à Abou Dhabi, ce qui alimente l’idée que Dakar explore cette piste. Si ces prêts étaient accordés à des conditions favorables, il pourrait être possible pour le pays d’éviter une restructuration.

Le chemin reste néanmoins étroit. Les discussions techniques avec le FMI et les réactions des marchés internationaux pèseront sur les décisions que devra prendre le gouvernement dans les prochains mois. Les autorités annoncent poursuivre un dialogue soutenu avec leurs partenaires financiers, tout en cherchant à consolider la trajectoire budgétaire.

Laisser un commentaire