Le gouvernement sénégalais a décidé de geler toute extradition vers la France, une mesure annoncée par la ministre de la Justice, Yacine Fall, hier, lors de l’examen du budget 2026 de son ministère à l’Assemblée nationale. Cette décision marque une réponse directe au blocage constaté dans deux dossiers notamment impliquant des ressortissants sénégalais réclamés par Dakar. La garde des Sceaux a expliqué que les demandes transmises à Paris n’avaient pas reçu les suites attendues et que le Sénégal ne poursuivrait plus d’extradition tant que ces requêtes ne seraient pas traitées.
Application du principe de réciprocité
La ministre a rappelé que le Sénégal fournissait systématiquement les éléments exigés par les conventions judiciaires en matière de coopération pénale. Elle estime que les autorités sénégalaises respectent leurs engagements en arrêtant toute personne recherchée, mais que la question de l’extradition dépend désormais d’une réciprocité effective. Cette position intervient alors que deux ressortissants sénégalais sont actuellement cités dans des procédures en France, dont le journaliste et dirigeant de presse Madiambal Diagne.
La suspension annoncée concerne donc l’ensemble des demandes d’extradition formulées par la France, jusqu’à ce que les requêtes sénégalaises reçoivent une réponse claire. La ministre a insisté sur le fait que le Sénégal appliquera le même traitement à toute procédure de ce type, évoquant un équilibre nécessaire dans la coopération judiciaire entre les deux pays.
Enjeux judiciaires entre Dakar et Paris
L’un des points sensibles de cette décision concerne précisément le dossier de Madiambal Diagne. La Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Versailles a rendu, le 25 novembre dernier, un arrêt intermédiaire dans cette affaire. Les magistrats ont demandé aux autorités sénégalaises des informations complémentaires sur les faits reprochés, leur qualification, les textes pénaux mobilisés et les garanties procédurales accordées au mis en cause. Cette étape vise à obtenir une lecture complète du dossier avant de statuer sur la demande d’extradition. Une nouvelle audience a été programmée pour le 3 février 2026.
La démarche française crée une attente qui s’ajoute aux divergences évoquées par la ministre devant les députés. Les autorités sénégalaises considèrent que leurs demandes, elles aussi fondées sur des procédures judiciaires, restent en suspens sans justification suffisante. Le gel annoncé apparaît alors comme une mesure destinée à rappeler les exigences d’équilibre entre les deux systèmes judiciaires.
La suspension décidée par Dakar marque un moment important dans les relations judiciaires entre les deux pays. Les prochaines étapes dépendront de la façon dont Paris répondra aux demandes sénégalaises et de l’évolution du dossier de Madiambal Diagne. La ministre a indiqué que la position du Sénégal restera inchangée tant que les clarifications attendues ne seront pas apportées par la partie française.




Bravo