La quatrième visite d’État d’Emmanuel Macron en Chine n’aura pas permis d’infléchir la position de Pékin sur le conflit ukrainien. Reçu par Xi Jinping du 3 au 5 décembre, le président français espérait convaincre son homologue d’user de son influence auprès de Moscou pour favoriser un cessez-le-feu. Le dirigeant chinois a opposé une fin de non-recevoir sans équivoque.
Pékin refuse toute pression sur Moscou malgré les appels de Paris
Lors des échanges au Palais du Peuple à Pékin, Emmanuel Macron a réitéré une requête formulée à plusieurs reprises depuis 2023 : que la Chine pèse sur la Russie pour mettre fin aux hostilités en Ukraine. Le chef de l’État français a notamment plaidé pour un moratoire sur les frappes russes visant les infrastructures énergétiques ukrainiennes, alors que le système électrique du pays subit des dommages considérables à l’approche de l’hiver.
Xi Jinping a balayé ces sollicitations avec fermeté. Le président chinois a déclaré que son pays « soutient tous les efforts pour la paix » et « continuera à jouer un rôle constructif », tout en précisant que Pékin « s’oppose fermement à toute tentative irresponsable visant à rejeter la faute ou à diffamer quiconque ». Une réponse qui traduit le refus de la Chine d’être perçue comme un levier de pression au service des intérêts occidentaux.
L’alliance entre Vladimir Poutine et Xi Jinping s’est considérablement renforcée ces dernières années, les deux dirigeants affichant un partenariat qualifié de « sans limites » depuis février 2022. En septembre dernier, le président russe a été convié aux côtés du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à un défilé militaire géant à Pékin, témoignant de la proximité entre les deux hommes. Cette relation privilégiée rend peu probable toute médiation chinoise défavorable aux intérêts russes.
La Chine premier acheteur de combustibles fossiles russes maintient sa neutralité
Les capitales européennes reprochent régulièrement à Pékin de soutenir économiquement l’effort de guerre russe. La Chine demeure le principal acquéreur mondial de combustibles fossiles en provenance de Russie, incluant le pétrole et ses dérivés. Plusieurs responsables occidentaux accusent également des entreprises chinoises de fournir des composants utilisés par l’industrie de défense russe, ce que Pékin dément.
Malgré ces griefs, la Chine n’a jamais condamné l’offensive lancée par Moscou en février 2022 et maintient officiellement une posture de neutralité. L’Élysée avait pourtant formulé clairement ses attentes avant ce déplacement, indiquant vouloir que Pékin « use de son influence auprès de la Russie pour l’amener à cesser la guerre ».
Emmanuel Macron et son épouse ont poursuivi leur séjour à Chengdu, dans la province du Sichuan, pour des échanges moins protocolaires avec le couple présidentiel chinois. Si les deux pays ont affiché leur volonté de renforcer leur coopération économique et culturelle, le fossé diplomatique sur la question ukrainienne demeure intact. Paris devra chercher ailleurs les leviers susceptibles d’influencer le cours du conflit.
