Hadj 2024: les troublantes confidences de pèlerins après le drame à la Mecque

Photo REUTERS

Le pèlerinage annuel du hajj, un des cinq piliers de l’islam, s’est transformé en cauchemar pour de nombreux fidèles cette année. Yasser, un ingénieur retraité de 60 ans, est l’un de ces pèlerins dont l’expérience a été marquée par la tragédie et la désolation.

Après des années de tentatives infructueuses pour obtenir un permis officiel, Yasser a décidé de faire le pèlerinage illégalement, une décision qu’il regrette profondément aujourd’hui. Sous une chaleur écrasante dans l’ouest de l’Arabie saoudite, il a survécu aux rituels, mais a perdu de vue sa femme, Safaa, depuis dimanche, redoutant qu’elle soit parmi les plus de 1 100 morts recensés, principalement des Égyptiens non enregistrés.

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Yasser a cherché désespérément sa femme dans tous les hôpitaux de La Mecque, sans succès. «J’ai fouillé tous les hôpitaux de La Mecque», raconte-t-il depuis son hôtel, où il hésite à ranger les affaires de Safaa selon plusieurs médias internationaux. Parmi les victimes, plus de la moitié étaient des Égyptiens, comme Yasser, qui n’avaient pas les autorisations nécessaires pour accéder aux commodités essentielles, telles que les tentes climatisées. Ces conditions inhumaines ont été exacerbées par des températures atteignant les 51,8 degrés Celsius.

Malgré ces circonstances extrêmes, un haut responsable saoudien a défendu la gestion du pèlerinage, affirmant que l’État n’avait pas failli à ses responsabilités. Il a reconnu cependant que les 577 décès confirmés durant les jours les plus chargés du hajj, notamment lors du rassemblement sur le mont Arafat et du rituel de la «lapidation du diable» à Mina, étaient un chiffre partiel ne couvrant pas l’intégralité du pèlerinage.

La quête d’accomplir ce devoir religieux pousse de nombreux musulmans à contourner les circuits officiels, en raison des coûts élevés et des quotas restrictifs. Yasser et d’autres clandestins en ont vite compris les inconvénients. Sans permis, ils ont été privés de services de base, tels que l’accès aux bus officiels, et même de la possibilité de se restaurer dans certains établissements.

Des scènes dramatiques ont été rapportées par plusieurs pèlerins. Mohammed, un Égyptien de 31 ans vivant en Arabie saoudite, a décrit des scènes de chaos à Mina : «Il y avait des cadavres par terre. J’ai vu des gens s’effondrer soudainement et mourir d’épuisement.» Une autre femme, résidant à Riyad, a vu sa mère mourir sous ses yeux avant l’arrivée des secours.

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Même les pèlerins enregistrés ont rencontré des difficultés à accéder aux services d’urgence, révélant un système débordé et inefficace. Moustafa a perdu ses deux parents âgés, malgré leurs permis de hajj, après qu’ils ont été séparés de leurs proches dans la foule.

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