Or: les parts d’une entreprise émiratie bientôt rachetées par un pays africain

Photo loretlargent

L’Afrique, un continent aux immenses richesses minières, est depuis longtemps au cœur des convoitises internationales pour ses ressources naturelles abondantes. Le sous-sol africain est riche en minéraux précieux et en métaux stratégiques, notamment l’or, les diamants, et le coltan, essentiels pour diverses industries à l’échelle mondiale. Parmi les pays africains, la République Démocratique du Congo (RDC) se distingue particulièrement par ses réserves minérales considérables, notamment d’or, exploitée tant à petite qu’à grande échelle. Cette richesse, toutefois, a souvent été source de conflits plutôt que de prospérité en raison de la gestion et de l’exploitation peu réglementées.

Dans ce contexte, un développement récent attire l’attention sur la RDC. Le pays est sur le point de finaliser l’acquisition totale d’une joint-venture d’exportation d’or, Primera Gold DRC SA, qu’il avait commencée avec le groupe émirati Primera Group Ltd., basé à Abu Dhabi. Ce partenariat, établi en janvier 2023, visait initialement à contrer le trafic illicite d’or qui alimente les conflits dans les provinces de l’Est du Congo.

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La joint-venture, qui a vendu 5 tonnes d’or, valorisées à environ 300 millions de dollars lors de sa première année d’opération, connaît aujourd’hui une forte baisse de ses exportations malgré des objectifs plus ambitieux pour 2024. Cette chute des ventes s’explique notamment par la concurrence du marché noir, où les prix sont plus élevés, et par des réglementations bancaires qui limitent les transactions en espèces, préférées par les commerçants locaux.

Face à ces défis, la RDC a pris la décision stratégique de racheter la part de 55 % détenue par Primera Group dans Primera Gold. Ce rachat, dont le prix sera fixé suite à des discussions en cours, marque la fin d’un chapitre controversé dans la relation entre la RDC et les Émirats arabes unis. Ce dernier, utilisant sa richesse pétrolière et gazière, avait étendu son influence en Afrique en soutenant non seulement les investissements miniers mais aussi en fournissant des équipements et des formations à l’armée congolaise.

Cette initiative du gouvernement congolais est perçue comme un acte de souveraineté économique et pourrait redéfinir les relations commerciales avec les Émirats arabes unis. À court terme, la gestion directe de Primera Gold par le gouvernement présente des défis, notamment en termes de compétence et de ressources. À long terme, cependant, cette transition pourrait bénéficier économiquement au pays si elle est bien gérée, en assurant que les profits de l’exploitation de l’or restent dans le pays et profitent directement à la population.

Le rachat des parts émiraties par la RDC est une démonstration de la volonté du gouvernement de prioriser les intérêts nationaux sur ceux des investisseurs étrangers. Alors que la RDC prend les rênes de cette entreprise, les défis à surmonter sont nombreux, mais l’opportunité de transformer ces richesses naturelles en un moteur de développement durable pour le pays est aussi réelle et palpable. Cet événement pourrait ainsi marquer un tournant décisif pour l’industrie minière en RDC, témoignant d’une nouvelle ère où la gestion des ressources naturelles s’aligne plus étroitement avec les aspirations nationales et le bien-être des Congolais.

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