Editorial de Vincent Foly

{ic_doc}{/ic_doc}Le pays va mal, docteur Hountondji !

 

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Depuis la sortie fracassante de ce qu’on appelle ironiquement "la vieille classe politique", le débat politique s’anime dans le microcosme politique. Ainsi, ce duel à distance plutôt musclé entre le président- maire Soglo et le collège des ministres- conseillers du président Yayi par médias interposés. 

Faut-il s’en plaindre ? Assurément non ! Il fallait en finir avec cet unanimisme de façade qui sévit depuis bientôt deux ans dans le pays où tout le monde se réclame de la nébuleuse du changement, tout le monde, c’est-à-dire, les mêmes qui ont adulé Kérékou jusqu ‘aux derniers moments de son long et interminable règne, plus quelques petits nouveaux -venus sortis, comme de coutume en politique, de nulle part . On peut donc se réjouir de ce que le paysage politique se clarifie même si l’on peut regretter qu’il n’arrive que maintenant, à la veille d’une échéance électorale aussi importante que celle du choix des représentants locaux des populations. Les partis ne méritent que mieux le sobriquet peu flatteur de"clubs électoraux". Cela dit, les débats qui se déroulent sous nos yeux ne volent pas bien haut. Il ne manque que les coups de poing et les noms d’oiseau (encore qu’on n’en est pas loin avec les termes comme "le patriarche qui vieillit mal "), pour lui faire atteindre les sommets de la médiocrité. Nous sommes toujours dans la logique –spirale du voleur interpellé qui rétorque sur le mode de la polémique provocatrice : « et toi, tu n’as rien volé ? » Une logique qui fait dangereusement le lit de l’impunité et rend totalement inefficace et complètement creux tous les slogans en faveur de la lutte contre la corruption. Ainsi, quand le porte parole du gouvernement, Alexandre Hountondji dont on découvre les qualités de tchatcheurs (comme quoi il n’y a pas que Zossou qui sache parler. Il suffit de donner la possibilité et les moyens à d’autres pour faire exploser leurs talents.).Quand Alexandre Hountondji rappelle fort à propos les dérives du pouvoir Soglo dans les années post- transition, il ne dit rien de nouveau. Certes, c’est bien de rappeler au souvenir du donneur de leçons de démocratie, Nicéphore Soglo qu’il avait créé avec" l’appel de Goho," une sorte de parti- Etat dans lequel tous les cadres étaient appelés à militer, au risque d’être exclus des nominations aux postes juteux et d’accès aux non moins juteux marchés publics et autres. C’est bien de lui dire qu’il traitait les journalistes de malabars et qu’il a fait marcher sur la Cour constitutionnelle et tirer sur un tel…. etc? Et alors ? C’est bien pour cela que toute la classe politique s’est liguée contre lui et l’a chassé du pouvoir après un seul mandat.

… . .Mais après avoir dit cela, Docteur Hountondji, faut-il accepter les errements d’aujourd’hui qui nous font reculer de plus de dix ans en matière des libertés publiques, d’unité nationale mise à mal par des nominations à caractère ethno-régionaliste , de droit à l’information plurielle et contradictoire .C’est ce qui se passe aujourd’hui qui nous intéresse, Docteur Alexandre Hontondji , vous qui avez été l’inamovible DDS Atlantique-Littoral pendant près de dix ans, sans rendre aucun compte ! Soglo, son compte est déjà réglé ! Mais nous n’avons pas encore vaincu la fatalité, comme vous semblez le faire croire et le risque d’un retour au culte de la personnalité, à la pensée unique du….changement à l’embrigadement forcé et forcené dans une sorte de parti unique qui ne dit pas son nom est toujours présent. Car, depuis le 6 avril 2006, il faut avouer , et point n’est besoin de porter une loupe pour le voir et le savoir, le pays va mal, comme les leaders dits de la vieille garde l’ont dit…. bien trop tard.. Malgré les fameux micro-crédits qui contentent tant nos bonnes femmes, l’école gratuite( ?) et les belles routes asphaltées et autres échangeurs du centre ville cotonois plus confortable, il est de notoriété publique que l’argent ne circule pas dans le pays et que les gens continuent de mal-vivre.. Et la fameuse lutte contre la corruption n’est qu’un leurre puisqu’elle laisse échapper les gros poissons qui ont tout le loisir de proclamer après leur limogeage tardif et forcé qu’ils sont satisfaits de leur gestion. Aujourd’hui, c’est toute la gouvernance du pays qui doit être revue de fond en comble et rectifiée avant qu’il ne soit trop tard. Quelle est cette fameuse tendance du président à vouloir tout contrôler, tout régenter- les médias publics redevenus caisses de résonance et des privés comprimés dans des contrats léonins qui les privent du pouvoir de critique, les institutions de contre pouvoir où on installe des hommes- lige et tous les pouvoirs locaux sans oublier les ministres choisis pour leur origine ethnique ? Comment comprendre, docteur Hountondji, que depuis près de deux ans, notre président se complaît à faire périodiquement et très longuement campagne presque exclusivement dans une région du pays, créditant la rumeur qu’il veut monopoliser "ceux qui votent le sang ", pour mieux s’occuper de ceux qui "votent le ventre" ? Il y a lieu d’inverser au plus tôt la tendance autocratique et ethno-régionaliste du pouvoir et tout ira bien mieux !.

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