«Awobobo…»

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«Awobobo», une série de pièces roulantes montées par l’artiste Dominique Zinkpè a sillonné la ville de Cotonou lundi dernier pour s’immobiliser pour l’heure au village du Fitheb construit sur l’esplanade de la place du Souvenir. Le plasticien explique à travers cet entretien comment le projet a été conduit jusqu’à son aboutissement effectif.

Après Taxis brousse en 2006, vous revenez au Fitheb avec Awobobo, une œuvre inédite ?

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Awobobo est un spectacle sur la base d’une œuvre constituée de cinq monographies dont quatre sont de fabrication plastique: un tricycle, un taxi-moto, une voiture à quatre roues, une pirogue. Ce qui peut s’apparenter à la cinquième pièce est de la sculpture humaine. En fait, un groupe d’hommes qui font la partie lyrique du spectacle. Toutes les œuvres sont gargantuesques. Le tricycle en est l’élément n° 1. Je l’ai dénommé le gongonneur parce que c’est lui qui reste devant tel un messager, un gongonneur qui annonce l’arrivée du roi. A part le gongonneur, l’autre pièce qui fait la particularité de cet ensemble est le véhicule à quatre roues. C’est une limousine que j’ai réalisée à partir de la carrosserie de quatre Renault 4. Avec ces différentes pièces, nous sommes partis du siège du Fitheb au ciné Vog pour chuter au village du festival sis à la place du Souvenir en passant par l’avenue Monseigneur Steinmetz, le carrefour Lègba, la place de l’Etoile rouge et le grand carrefour de Cadjèhoun.

Pourquoi précisément la Renault quatre ?

J’ai choisi la Renault 4 parce que c’est le premier moyen de transport en commun que nous avons connu à Cotonou et dans d’autres grands centres urbains au Bénin. Aujourd’hui, ce véhicule n’existe plus parce que, plus personne n’a envie de monter dans une Renault 4. C’est une voiture dans laquelle il fait excessivement chaud. Donc, pour le rendre confortable, j’en ai fait une limousine. L’objectif est de faire revivre l’histoire aux générations actuelles et de replonger les contemporains de cette époque dans leur passé. Mais pas sous l’angle de la souffrance qu’engendrait ce moyen de transport. Pour moi, une limousine aux couleurs et carrosserie de la Renault 4 a de quoi transformer les peines d’antan en un réconfort.

Voulez-vous dire par là que l’on peut créer un spectacle de théâtre à partir d’œuvre plastique?

Le plastique a été toujours présent dans une représentation théâtrale. La plupart des décors de spectacle sont produits par des plasticiens. Et mieux, au cours d’une représentation théâtrale, on peut inviter une peintre ou un sculpteur à exposer quelques unes de ses œuvres. Mais notre rôle ne doit pas s’arrêter au décor où à une exposition vente. C’est dans cette optique que depuis quelques années, j’essaie de marquer ma présence au Fitheb par une création toute aussi spéciale. A l’édition passée, j’avais présenté un taxi à l’entrée sud du village du festival à la place du Souvenir à Cotonou, ex-pLace des martyrs. Cette exposition avait suscité beaucoup d’engouement de la part des festivaliers et de curieux. Mais, pour ne pas paraître monotone, j’ai réfléchi et c’est l’idée de Awobobo qui m’a traversée. Ainsi, je l’ai conçu comme un spectacle déambulatoire qui va circuler d’un coin à un autre et d’une ville d’accueil du Fitheb à une autre.

Vous avez une manière singulière de peindre la surcharge à travers vos taxis. Est-il encore le cas cette fois?

Ce sera encore sous la thématique de la surcharge. Car, je ne fais que peindre la réalité. Je ne crois pas que le phénomène ait cessé. Des tentatives de mettre fin à la pratique n’ont point été concluantes. Il suffit de monter dans un taxi pour aller d’un coin à un autre et vous vous verrez entasser comme des boîtes de sardine à l’intérieur.

Comment est-ce que vous arrivez à créer toutes ces oeuvres?

J’avoue que ce n’est pas une chose aisée. J’achète les matières premières, je recrute des ouvriers qui travaillent avec moi. Quand je décide de construire une œuvre, je reproduis le plan sur papier ou sur un tableau avec la précision des dimensions réelles. Dès lors, les ouvriers se mettent au travail pour faire évoluer les choses. Car, pour fabriquer une pièce, nous mettons au moins un mois sans faire autre chose en plus. Alors, si je devais être seul à le faire, vous vous imaginez combien de temps je mettrai ? Parce qu’il s’agit de constructions métalliques, lourdes avec possibilité d’association de béton armée quelquefois.

Awobobo est une œuvre exposée en plein air comme Taxi brousse. Pourquoi cette tendance à l’art dans la rue?

J’aime créer dans la rue parce que chaque pièce que je réalise est un spectacle. Avant toute création d’ailleurs, je mûris mon idée et j’écris mon scénario. Mes œuvres, je les crée pour qu’elles bougent, parlent et communiquent avec les gens.

Que devient désormais le projet Taxi brousse?

J’ai réalisé mon premier taxi en 2000 et depuis, j’en ai fait une dizaine, Ce projet est donc en train d’aller à son terme. J’ai beaucoup d’autres projets qui font désormais ma préoccupation.

Que dire de Boulev’art ?

Boulev’art sommeille un peu. Il devait avoir lieu à la fin de cette année. Mais à y réfléchir, j’ai vu que ce n’est plus logique qu’on fasse Boulev’art comme on le faisait avant. Il est grand temps qu’on change, qu’on propose du neuf pour ne pas sombrer dans la routine, Je ne voudrais pas créer un festival pour faire des œuvres éphémères.q

Propos recueillis

par Fortuné Sossa

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