{ic_doc} Les élites urbaines, en majorité des agents (permanents ou non) de l’Etat, {/ic_doc}
les hauts-cadres du secteur privé et les étudiants, constituent environ 2% de la population du Bénin. Statistiquement négligeable, diriez-vous ? Eh bien, non ! Ce sont elles qui depuis 1960, date de notre pays à l’indépendance, ont en permanence influé sur sa vie politique avec comme conséquence une instabilité politique qui avec 5 coups d’Etat faisait du Bénin l’enfant malade de l’Afrique. La Période révolutionnaire a muselé pour un temps leurs mouvements de revendication et de contestation.
Elles ont retrouvé leur soif de ramdam et leur turbulence depuis le Renouveau démocratique. Aussi, sous couvert de revendications salariales, boursières ou des rengaines sur la vie chère ou le marasme économique ou social, ces élites urbaines parviennent-elles à influer dis-je sur la dynamique socio-politique du Bénin, jouant au besoin sur les cordes sensibles du régionalisme ; comme ce fut le cas en 1963 et en 1996. Ce sont elles en effet qui ont fait revenir le Général Mathieu KEREKOU au pouvoir en 1996, malgré l’incurie et la faillite du régime du PRPB et la grande popularité et le charisme de Nicéphore SOGLO, premier Président de la République de l’ère du Renouveau démocratique, quand le Fard-Alafia réussit à regrouper la presque totalité des cadres du Septentrion sous sa bannière et à entraîner dans ce mouvement d’opposition la grande partie des élites du « Sud ».
En outre, c’est en les suivant que les masses populaires ont plébiscité le Docteur Boni YAYI avec plus de 75% des suffrages. Aussi sont-ce les couches urbaines, surtout les agents de l’Etat et les étudiants, qui se manifestent comme les premières à faire semblant de se lasser dans leur grande majorité du régime en place, souvent au bout de deux ans, régime qu’elles encensaient pourtant au départ. Beaucoup d’observateurs excipant de cet atavisme, en arrivent à prédire au Président Boni YAYI le sort fatal qui attendent tous les chefs d’Etat du Bénin, en dehors de la période du régime du PRPB qui avait su se pérenniser pendant 17 ans au pouvoir en usant d’une terreur sans pareille dans notre histoire. Ainsi, un ami croyant me contredire affirmait en ces termes : « Je vous fiche mon billet que ce bonhomme ne fera pas plus de cinq ans à la tête de notre Etat » ! Il s’agit en l’occurrence pour le théoricien et le praticien de l’action politique que je suis d’une monumentale erreur d’appréciation. En effet, une chose est le constat des agitations syndicales permanentes des fonctionnaires et des étudiants, autre chose est leur désamour réel et total pour le régime en place.
Contrairement à la période 1991-1996 où on peut reprocher au Président SOGLO une certaine hauteur par rapport aux questions de machinerie et d’organisation politiques, laissant volontiers les mains libres à ses proches pour gérer à leur guise et leurs intérêts la donne politique, Boni YAYI prend tout au sérieux, revendications salariales, frustrations politiques, cohérence au sein des FCBE ; surtout lorsqu’il devient manifeste qu’elles sont souvent prêtes à s’entredéchirer lors des positionnements sur les listes électorales, comme pendant les élections législatives de 2007 et les présentes élections locales. Grands dieux ! Qui composait les listes RB aux différentes élections législatives et les élections locales ? Comment sont désignés les cadres qui méritent par leur ardeur au travail et leur militantisme pour siéger soit à la CENA, soit dans ses démembrements ? Les FCBE sont loin de se transformer en une formation politique hégémonique, le seul parti de Boni YAYI et le seul creuset politique de ceux qui soutiennent son action ! On préfère ici laisser les choses se mûrir d’elles-mêmes et je suis prêt à parier tous mes cheveux crépus (ils me sont précieux parce que définitivement rares), que les FCBE se transformeront naturellement avant la prochaine élection présidentielle comme une machine de guerre redoutable qui aura pris le temps nécessaire de trouver en sein les voies idoines d’organisation et de combat politique. Un tel état-major politique avait manqué à Nicéphore SOGLO malgré les conseils avisés de collaborateurs aussi politiquement trempés que MM. Roger AHOYO, Florentin MITO-BABA, Rigobert LADIKPO et Mesdames Véronique LAWSON et Véronique AHOYO !
Si l’homme politique s’inspire beaucoup des données de l’histoire, c’est pour en puiser les leçons nécessaires pour ne pas recommencer les erreurs de ses prédécesseurs.
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