Trist’art de Fortuné Sossa

{ic_doc}{/ic_doc} Fitheb 2008 sans Boni Yayi

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Les trois coups de gong de la première édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) à l'ère du "Changement" ont été sonnés le dimanche 23 mars dernier en l'absence du président Boni Yayi. Une chose étonnante, plutôt surprenante ! La cérémonie d'ouverture du festival aurait pu se tenir la veille, le 22 mars. Mais le chef de l'Etat a précisé au comité d'organisation par l'intermédiaire de son ministre de la culture qu'il tient à présider la cérémonie d'ouverture. Cependant, la date du samedi ne l'arrangeait pas. Que le chef de l'Etat sonne les trois coups de gong du Fitheb, c'est ce que le public souhaite le plus, les festivaliers de même. Pour faire honneur à la "Haute autorité", la cérémonie d'ouverture a été alors renvoyée au lendemain avec la détermination que c'est le président de la République en personne qui va l'officier. Quarante-huit heures avant le jour J, le ministre de la culture, Soumanou Toléba rappelle cela à nouveau pour confirmation afin que le public sorte nombreux pour donner à Boni Yayi le bain se foule dont il raffole. La nouvelle traverse la ville de Cotonou comme une traînée de poudre. Bien que la cérémonie soit prévue pour démarrer à seize heures, déjà deux heures plus tôt, le palais des congrès est rempli de monde. Chacun s'est dit : "Pour ne pas se faire piétiner voire molester par la garde présidentielle qui, en de pareilles occasions, est quelque peu violente, il vaut mieux être tôt sur le terrain afin de s'installer quelque part où l'on va se sentir hors ceinture de la sécurité républicaine." Ainsi, à treize heures, le palais des congrès a fait son plein avec des groupes folkloriques, des ballets, des curieux et autres personnes venues tout simplement ovationnées le chef de l'Etat. Mais arrivée sur le terrain, rien ne présage de ce que le n° 1 des citoyens béninois va arriver. Pas de militaires postés le long du tronçon. Pas d'hommes en uniforme sur l'esplanade du palais encore moins dans la salle bleue où doit se dérouler l'événement tant attendu. Pas de "gorilles" en costume sombre non plus. Et plus étrange, pas le tapis rouge obligatoire pour le passage du "chef". Puis, on apprend sur place que le président de la République ne viendra pas parce qu'il se trouverait en ce moment précis dans le septentrion pour des activités d'ordre politique. De seize heures, la cérémonie est repoussée à dix-sept heures. Que de temps perdu ! Le comité d'organisation a si vite compris la chose qu'il a demandé aux groupes folkloriques d'animer. C'est une autre paire de manche. Le bruit est désolant, décevant, paralysant. On se croirait dans la cour du roi Peteau. Aucun des groupes n'étaient audibles parce que trop rapprochés les uns des autres.

Dans ce tohu-bohu, le ministre de la culture fait son entrée dans la salle bleue, accompagné de son homologue de la décentralisation et des collectivités locales, Démolé Moko. Une fois au pupitre, il présente les "excuses" de son "chef" qui aurait bien voulu présider la cérémonie en personne. Mais ce dernier était où ? Aucune information à propos. Pour ce que je sais, Boni Yayi n'était pas chez lui au quartier Cadjèhoun à Cotonou, puisque le dispositif sécuritaire qu'on retrouve sur les lieux quand il est à la maison était absent. Il n'était pas au palais de la République non plus. Puisque s'il était là sans arriver au Fitheb, ce serait manquer de considération au le festival et aux festivaliers. Il n'était donc pas à Cotonou. Je sais que la veille, il était dans les Collines pour des activités politiques. Certains l'ont vu à Glazoué. Il paraît qu'il s'y est rendu pour répondre au G 13. On apprend ensuite qu'après les Collines, il a mis le cap sur le septentrion pour régler un certain nombre de "choses".

Mais ce qui est paradoxale, la salle bleue du palais des congrès avait arboré une couleur verte éblouissante au moment de la cérémonie. Partout, des posters publicitaires géants du réseau de Gsm Glo. "Sommes-nous arrivés à un théâtre de Glo ?" interroge-t-on de part et d'autre. Rien dans la réalité n'annonce qu'il s'agit du Festival international de théâtre du Bénin. Le Fitheb a été "Glo-balisé" par ce Gsm. Il est vrai que Glo est le sponsor officiel de l'événement. Il a donné "un peu moins de dix millions" (-10.000.000) de francs Cfa. Mais, franchement, cela suffit-il pour qu'il se fasse plus voir sur le terrain que le Fitheb ? Un événement dans lequel l'Etat a injecté deux cents millions (200.000.000), le Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées (Psicd) trente millions (30.000.000). D'autres partenaires et sponsors y ont également mis de leur argent. Mais sur chaque affiche où il y a le logo du Fitheb, il l'est dans un caractère broyé par les géantes annonces Glo. Ce qui m'amène à me demander si cette extravagance n'a pas contribué au renoncement du président Boni Yayi à lancer officiellement le Fitheb 2008.

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