Un scénario forcé pour un spectacle ordinaire
«Changement oblige». Un spectacle que le directeur de l’Ensemble artistique national donnait «à voir absolument» au théâtre de verdure du Hall des arts, loisirs et sports. Un spectacle du Ballet national supposé hors du commun. Un spectacle «tout neuf» à la criée, «original»… Mais tout juste une opposition de deux couleurs: le blanc et le noir. Une caricature de Satan en adversité avec Dieu.
Les danseuses et danseurs, habillés en blanc, brillant passent pour les élites du Changement, des immaculés et les autres en noir pour des acteurs de mal gouvernance. Le scénario démarre par l’imitation de Michael Jackson entremêlée d’un passage en revue des danses locales. Le spectacle prend forme et se dote d’une beauté splendide. Le jeu collectif est plaisant, plein d’efforts physiques bien enchaînés et variés. Les artistes donnent le meilleur d’eux-mêmes pour confirmer au public leur mérite d’être des sociétaires de l’Ensemble artistique national dans la section Ballet.
Cependant, quand je quitte le registre de la danse tout court pour m’intéresser au scénario proprement dit, je reste sur ma soif. Le spectacle est bien titré «Changement oblige». Il met en scène trois groupes de danseurs. Les premiers en costume noir portent l’étiquette «corruption». Les seconds dans leur blanc brillant prône le Changement. Ils réussissent à convaincre les autres à rejoindre leurs rangs. Ceux-ci alors subissent la «transfiguration» et deviennent blancs comme neige. Le Changement a donc eu raison d’eux. Enfin démarquent les derniers tout aussi en noir et qui passent pour allergique à l’idéologie. Toutes les tentatives par les «Changementistes» pour les aligner ont été infructueuses. «Nous ne voulons pas du Changement» est toute la réponse qu’ils avancent pour justifier leur refus.
Justement, c’est à ce niveau que le bât blesse. Florent Eustache Hessou, le directeur de l’Ensemble artistique national dont c’est l’«idée originale» semble avoir juste créé ce spectacle pour faire plaisir au président de la République. Juste un saut dans la campagne électorale en ce moment où le chef de l’Etat se bat pour la conquête des soixante-dix-sept (77) mairies du pays. La preuve en est qu’il a choisi de présenter le spectacle au beau milieu de la période. En plus, un long extrait propagandiste du discours d’investiture de Boni Yayi est partie intégrante du spectacle. De même qu’une voix off qui tout le temps, a eu pour rôle la magnificence du Changement tel un prêtre endoctrinant les fidèles de sa paroisse au cours d’une homélie.
La réalité est toute autre aujourd’hui. Aucun citoyen béninois ne s’oppose au Changement dans le fond. Tous les leaders inscrivent la lutte contre la corruption dans leur programme d’action. Tous veulent du Bénin un pays émergent, entièrement transformé et bien portant sur le plan de la gouvernance. A contrario, ce que tout le monde, du moins la majorité des Béninois réfute, c’est la manière dont le Changement s’opère depuis que Boni Yayi a pris le pouvoir. La liberté d’expression est gravement menacée. Toute personne qui ose critiquer une action du gouvernement est systématiquement placardée comme opposant. «Quiconque n’épouse les idées du docteur Boni Yayi est contre lui!» C’est ce qu’on entend à longueur de journée. «Il est le diable!» que Florent Eustache Hessou choisit délibérément de vêtir en noir sur scène.
Ainsi, le débat contradictoire est banni. On ne donne même pas le temps à celui qui n’est pas d’accord de s’expliquer. Il est sujet à une campagne abondante d’intoxication. Une campagne orchestrée par des valets du chef qui, pourtant, s’enrichissent tranquillement et de façon illicite au même moment où ils taxent les autres d’«anti-Changementistes» ou de «Changementicides».
Le Ballet national aurait mieux fait de nous présenter des tableaux qui peignent la réalité des faits. Le directeur de l’Ensemble et les maîtres chorégraphes qui l’assistent auraient pu donner à voir un spectacle dans lequel les supposés opposants prennent la parole pour justifier leur refus. J’ai tiqué quand en présentant les danseurs à la fin le directeurs lâche: «Je ne sais pas pourquoi ils refusent le Changement mais je les présente quand même.» Pourtant, tout le peuple s’accorde aujourd’hui sur la nécessité pour nous de changer les mentalités; mais, une fois encore, ce qui n’est point accepté de l’opinion est la manière dont le Changement est managé actuellement. Pour ma part, il s’agit tout juste d’un Changement de l’exclusion. Un Changement qui refuse la diversité dans l’expression.
Cependant, quand je quitte le registre de la danse tout court pour m’intéresser au scénario proprement dit, je reste sur ma soif. Le spectacle est bien titré «Changement oblige». Il met en scène trois groupes de danseurs. Les premiers en costume noir portent l’étiquette «corruption». Les seconds dans leur blanc brillant prône le Changement. Ils réussissent à convaincre les autres à rejoindre leurs rangs. Ceux-ci alors subissent la «transfiguration» et deviennent blancs comme neige. Le Changement a donc eu raison d’eux. Enfin démarquent les derniers tout aussi en noir et qui passent pour allergique à l’idéologie. Toutes les tentatives par les «Changementistes» pour les aligner ont été infructueuses. «Nous ne voulons pas du Changement» est toute la réponse qu’ils avancent pour justifier leur refus.
Justement, c’est à ce niveau que le bât blesse. Florent Eustache Hessou, le directeur de l’Ensemble artistique national dont c’est l’«idée originale» semble avoir juste créé ce spectacle pour faire plaisir au président de la République. Juste un saut dans la campagne électorale en ce moment où le chef de l’Etat se bat pour la conquête des soixante-dix-sept (77) mairies du pays. La preuve en est qu’il a choisi de présenter le spectacle au beau milieu de la période. En plus, un long extrait propagandiste du discours d’investiture de Boni Yayi est partie intégrante du spectacle. De même qu’une voix off qui tout le temps, a eu pour rôle la magnificence du Changement tel un prêtre endoctrinant les fidèles de sa paroisse au cours d’une homélie.
La réalité est toute autre aujourd’hui. Aucun citoyen béninois ne s’oppose au Changement dans le fond. Tous les leaders inscrivent la lutte contre la corruption dans leur programme d’action. Tous veulent du Bénin un pays émergent, entièrement transformé et bien portant sur le plan de la gouvernance. A contrario, ce que tout le monde, du moins la majorité des Béninois réfute, c’est la manière dont le Changement s’opère depuis que Boni Yayi a pris le pouvoir. La liberté d’expression est gravement menacée. Toute personne qui ose critiquer une action du gouvernement est systématiquement placardée comme opposant. «Quiconque n’épouse les idées du docteur Boni Yayi est contre lui!» C’est ce qu’on entend à longueur de journée. «Il est le diable!» que Florent Eustache Hessou choisit délibérément de vêtir en noir sur scène.
Ainsi, le débat contradictoire est banni. On ne donne même pas le temps à celui qui n’est pas d’accord de s’expliquer. Il est sujet à une campagne abondante d’intoxication. Une campagne orchestrée par des valets du chef qui, pourtant, s’enrichissent tranquillement et de façon illicite au même moment où ils taxent les autres d’«anti-Changementistes» ou de «Changementicides».
Le Ballet national aurait mieux fait de nous présenter des tableaux qui peignent la réalité des faits. Le directeur de l’Ensemble et les maîtres chorégraphes qui l’assistent auraient pu donner à voir un spectacle dans lequel les supposés opposants prennent la parole pour justifier leur refus. J’ai tiqué quand en présentant les danseurs à la fin le directeurs lâche: «Je ne sais pas pourquoi ils refusent le Changement mais je les présente quand même.» Pourtant, tout le peuple s’accorde aujourd’hui sur la nécessité pour nous de changer les mentalités; mais, une fois encore, ce qui n’est point accepté de l’opinion est la manière dont le Changement est managé actuellement. Pour ma part, il s’agit tout juste d’un Changement de l’exclusion. Un Changement qui refuse la diversité dans l’expression.
Fortuné Sossa