CES CEA DE MALHEUR !

Par Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur à l’UAC
Je suis devenu par la force des choses spécialiste des questions électorales ayant déjà participé à deux CENA dont celle de 1996 où malgré que nous étions  au pouvoir, nous avons été totalement noyautés et écrasés par la technologie électorale mise en oeuvre par un consultant étranger stipendié par un homme politique, alors directeur de campagne du Général Mathieu KEREKOU.

 Depuis lors, je n’ai trouvé qu’une seule solution pour mettre fin aux multiples fraudes et autres irrégularités qui entachent tous les processus électoraux sans exception chez nous. Il n’y a rien d’autre à faire ; il faut des listes électorales permanentes informatisées et le regretté Léopold DOSSOU, alors Président de cette CENA 96 m’avait laissé alors les mains libres en tant que Secrétaire Général Adjoint chargé de la saisie informatique des données, pour concevoir un avant-projet que nous avions soumis à tous les bailleurs de fonds qui nous aident habituellement dans la gestion des élections.
Cependant, la CENA qui est autonome pendant les élections, n’est plus censée exister dès qu’il a déposé son rapport. D’où le difficile problème de la poursuite et de la mise en œuvre du projet. Aussi, des divergences survinrent-elles immédiatement entre l’ancien Premier Ministre Adrien HOUNGBEDJI et Bruno AMOUSSOU, le Président de l’Assemblée Nationale, quant à la nature de la structure permanente qui entre deux CENA continuerait à gérer cette LEPI. Il s’ensuit une longue guéguerre où la structure créée par le Gouvernement par décret fut supprimée. Finalement, il se dégagea un consensus autour d’un Secrétariat Administratif Permanent. Voyons donc ! Les Béninois qui connaissent bien leur pays peuvent deviner que lors donc qu’il y aura des milliards à manier, les structures dépendant de l’Exécutif, donc du Gouvernement, feront tout pour drainer vers elles le drap de la LEPI aux dépens du SAP. Celui qui ira loin dans cette voie fut l’universitaire Alain ADIHOU. Il réussit à faire inscrire dans le budget de son Ministère Chargé des Institutions, un chapitre sur la LEPI qu’il utilisera à sa guise ; ce qui finira par irriter les députés et le conduire devant la Haute Cour de Justice.
Dès lors, nos législateurs, consciemment ou inconsciemment en complicité avec tous nos Gouvernements qui rechignent toujours à mettre à la disposition d’un SAP d’à peine cinq personnes des centaines des milliards, n’ont pas cessé depuis 2003 d’inventer des solutions boiteuses dont la liste constituerait toute une encyclopédie. J’en passe des plus célèbres comme  REA, RENA !
De fil en aiguille, on en est arrivé à cette catastrophe que fut la désignation par l’Assemblée Nationale, donc par les partis politiques, de ces milliers de « conseillers électoraux d’arrondissement ». La conséquence de ce pis-aller fut immédiate. La bataille pour les CEA fut épique à l’Assemblée Nationale et les problèmes inextricables que pose leur désignation ont été à l’origine de multiples reports de la date des élections actuelles.
En effet, les CEA sont devenus les bras armés et les exécutants fidèles dans les arrondissements où leurs mandataires politiques les ont positionnés. On peut prévoir sans être devin la principale dérive que ne manquera pas d’entraîner leur existence. D’ailleurs, elles ont toujours été la source de tous les problèmes que rencontre le processus électoral depuis qu’un génie a eu l’idée de les introduire dans notre loi électorale ; mieux en les faisant élire par l’Assemblée Nationale. Pourquoi ? Parce que les coordonnateurs CED d’arrondissement ignorent souvent superbement les CEC d’origine politique douteuse ou hostile, pour ne traiter directement qu’avec leurs « CEA »,  violant ce faisant le code électoral à leurs risques et périls.
Loin de moi l’idée de banaliser l’affaire des 50.000 cartes d’électeurs qui vient de connaître son épilogue ; mais le ver étant dans le fruit et la psychose d’un coup fourré des FCBE pour conduire à « l’abattoir politique » le Leader Charismatique, a certainement conduit de bonne ou mauvaise foi ces deux coordonnateurs de la CED-Littoral, à « dribbler » ces CEC soupçonnés tous d’être des chevaux de Trois des FCBE et à recourir directement  à leurs CEA dont ils sont sûrs de la fidélité et de la loyauté.
En fin de compte, nous avons tous fait confiance à la justice de notre pays et jeu clos ; en attendant GODOT.

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