Festival international de théâtre du Bénin 2008

Un Fitheb réussi dans le fond mais beaucoup restent encore à corriger
La neuvième édition du festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) s’est déroulée du 22 au 30 mars 2008 dans les principales villes du Bénin notamment Cotonou, Porto-novo, Parakou, Abomey, Ouidah et Lokossa  en gardant sa dimension festive et populaire amorcée depuis l’édition 2000 avec la participation des meilleurs troupes et compagnies d’Afrique, d’Europe et du Brésil.

Théâtre, danse, musique, art plastique, formations, rencontres professionnelles sont les principales disciplines de la neuvième édition du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Elle s’est déroulée  durant plusieurs mois. Déjà au cours du bimestriel Juillet-Août  2007,  a eu lieu un pré festival dénommé «Cotonou-Paris» qui a regroupé une cinquantaine d’artistes de France et du Bénin et au cours duquel se sont tenues plusieurs rencontres d’échanges entre créateurs du nord et du sud. A 24 heures du lancement officiel de l’édition 2008 a eu lieu d’autres rencontres professionnelles dont celle du palais des congrès de Cotonou lors de la table ronde sur la question de la place et du rôle de la culture dans le processus d’émergence des pays africains.
Avant et après le pré festival, la direction du Fitheb a, en partenariat avec plusieurs compagnies et partenaires des initiatives culturelles, organisé des formations et ateliers de danse et de diverses autres créations à l’intention des jeunes auteurs, comédiens, metteurs en scène, régisseurs de spectacle en son et lumière. Les meilleures créations issues de ces ateliers ont été admises dans la programmation officielle du festival lancé le dimanche 23 mars dernier au palais des congrès de Cotonou. Les trois coups de gong symboliques levant le rideau sur l’évènement ont été donnés par le ministre de la culture, de l’artisanat et du tourisme  Soumanou Toléba entouré pour la circonstance du directeur du Fitheb Orden Aladatin, du président du Conseil d’administration Apollinaire Agbazahou et de beaucoup d’autres personnalités du milieu culturel et politique.
L’édition a été abritée par cinq grandes villes du Bénin à savoir Cotonou, Porto-novo, Parakou, Ouidah et Lokossa. Le public a eu droit à une vingtaine de spectacle de théâtre, de danse et de marionnette donnée par des troupes venues de diverses horizons dont Belgique, Brésil, Burkina Faso, Cameroun, Canada, Côte-d’ivoire, Congo Brazzaville, France, Maroc, Rdc, Sénégal, Suisse, Togo. On peut citer au nombre de ces spectacles, «A la maison» (Togo-Quebec-France), «Allo! L’Afrique» (Côte-d’ivoire), «Eglé mankou» (Bénin-France), «Drôles de gueules» (Bénin-France), «Efl, la pompe Afrique» (France), «Et si l’homme…» (France), «Jaz» (Belgique), «La geste des étalons» (Burkina Faso), «Le progrès de l’oreille rouge» (Bénin-Cameroun-Rdc-Congo Brazzaville), «L’invisible» (Belgique), «Les animaux dansent» (Burkina Faso), membros (brésil), «24 heures dans la vie d’une femme» (Sénégal-Suisse), «Impro contée» (Bénin-Belgique), «Pour une autre vie» (Bénin), «Le dernier pas» (Bénin), «Kondo le Requin» (Bénin), «Sans commentaire» (Bénin), «Non à la maltraitance des enfants», «Se pas koa jouer !» (Cameroun), «Je chausse du 45, et toi ?» (Bénin)
A Cotonou comme dans les autres villes qui ont accueilli l’évènement, le Fitheb a été pluridisciplinaire. Outre le théâtre, la fête a été marquée par l’installation du village de Fitheb à la place du souvenir de cotonou. C’était un véritable point de convergence entre le public, les artistes et les différentes animations. Le podium installé sur ce lieu a accueilli dix jours durant, les artistes et groupes d’artistes qui n’étaient pas dans la programmation officielle. L’objectif visé à travers la réédition de cette expérience de village du Fitheb, est, d’une part, d’attirer le maximun de public qui  est convié à aller dans les salles et d’autres part, de donner au festival tout son caractère festif et populaire. Le village drainait chaque soir une grande foule. Les artistes se succedaient sur le podium dans la musique, la chorégraphie… L’animation était aussi du côté des livres de théâtre exposé par la librairie Notre Dame. Une foi artisanale y étaient également   pour permettre aux festivaliers et autres de découvrir le label Bénin. Au même moment, le centre culturel français de Cotonou, avec le concours du photographe Charles Placide Tossou et l’association Label sans frontière (Lsf), expose certaines photos des éditions passées.  
L’autre chose inédite du Fitheb  2008 a été le spectacle déambulatoire «Awobobo» constitué de quatre sculptures monumentales géantes qui ont parcourues la ville de Cotonou. Une nouvelle conception de l’artiste plasticien béninois Dominique Zinkpè. Une vespa énorme surmontée d’un homme un  peu tout comme pour annoncer l’arrivée du Fitheb 2008; une limousine composée de quatre Renault 4 et surchargée pour non seulement faire revivre l’histoire de  la Renault 4 aux générations actuelles mais aussi de faire cas du surcharge que l’ont observe dans les villes et villages en particulier; une moto taxi pouvant prendre plusieurs clients à la fois et une pirogue avec des sculptures mécanisées.
L’édition 2008 du Fitheb est restée, en somme, fidèle au credo du festival: un lieu de créativité et d’excellence, une vitrine privilégiée de ce qui se faire mieux sur le continent en matière de théâtre.

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Encadré
L’ombrage du sponsor officiel
Bien que donnant l’impression d’avoir été mieux réussi que les éditions antérieures, le Fitheb 2008 sur le plan de la forme est passé presque inaperçu. L’opérateur Gsm Globacom, le sponsor officiel a profité de son implication dans l’événement pour faire son show. Posters, pancartes, bâches, chaises, tables… tout sur les lieux des spectacles agresse aux couleurs vertes avec l’inscription Glo. Le Fitheb est absent sur ses supports publicitaires. Le plus criant s’est fait observer au village du festival. Aucun élément qui permet de soupçonner qu’on se trouve au village du Fitheb. Aucun signe si ce n’est un filet du logo soigneusement noyé dans la géante expressive «Glo».
«Sommes-nous arrivés à un théâtre de Glo ?» Cette interrogation a été présente durant tout le temps qu’a duré le festival. Le Fitheb a été «Glo-balisé». Pour y avoir injecté «moins de dix millions» (-10.000.000) de francs Cfa, Glo a trouvé le subterfuge pour se faire sa propre publicité de façon spectaculaire et, à la limite, arrogante. Et c’était sans compter que l’Etat a investi deux cents millions (200.000.000) dans le même événement et que le Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées (Psicd) y a mis trente millions (30.000.000). D’autres partenaires et sponsors ont également contribué à la réussite du festival en numéraire et en nature de diverses manières.

Encadré 2

   Les canaux de visibilité du festival

Comme à chaque édition depuis 2000, «La gazette du Fitheb» a été éditée pendant le festival. Magazine d’information et d’analyse, il a eu le mérite de rendre compte d’un certain nombre de spectacles et des activités connexes. Au total, il y a eu quatre numéros avec des unes différentes. L’intérêt de ce magazine est que les animateurs, tous des Béninois, n’ont pas été entraînés par un quelconque esprit nationaliste. Ainsi, à part le premier numéro qui a annoncé le Fitheb, les trois autres ont donné à voir sur des spectacles tout aussi bien de compagnies béninoises que de compagnies étrangères. «Le procès de l’oreille rouge» joué par des comédiens du Bénin, du Cameroun, de la République démocratique du Congo et du Congo Brazzaville, «Impro contée» qui regroupe des Béninois et des Belges, sont autant de spectacles qui ont fait la vitrine du magazine ajouté à «Kondo le Requin» du compatriote Tola Koukoui.
En plus de la gazette, cette neuvième édition du Fitheb a été relayé par le journal spécialisé «Le label théâtre» à travers une édition spéciale. Ici, les articles ont été beaucoup plus de la critique que de compte rendu de spectacles. Les rédacteurs ont eu un regard de techniciens sur les différentes représentations qu’ils ont suivies. Le journal s’ouvre même par un article sur la question de la mise en scène en Afrique. L’auteur dans son analyse aborde la préoccupation sous l’angle de «certitudes et inquiétudes».
«Le gong du Psicd» est également un canal par lequel le Fitheb a fait parler de lui. Il s’agit d’un journal école édité avec le concours du Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées (Psicd). Les journalistes signataires des articles, au nombre de vingt et un, ont participé en plein festival à une formation sur «la critique des arts de la scène». A toutes ses publications spécifiques, il faut ajouter la participation des quotidiens, radios et télévisions.

Réalisation : Fortuné Sossa & Blaise Ahouansè

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