Gestion des sociétés d’Etat

L’Etat arnaqueur
« Malheur à ceux qui décrètent des décrets d'iniquité, qui écrivent des rescrits d'oppression pour priver les faibles de justice et frustrer de leur droit les humbles de mon peuple, pour faire des veuves leur butin et dépouiller les orphelins. » Isaïe 10.1,2.

Dans la seconde quinzaine du mois de février 2008, Porto-Novo a subi une défaillance du système de distribution d’eau, l’alimentation ne se faisant que dans la nuit. Nous avons eu le devoir, en son temps, de dénoncer cette incompétence dans la mesure où cette anomalie durait et avait tendance à devenir norme. En guise de représailles, la Société nationale des eaux du Bénin nous a coupé pendant quatre semaines sans explication aucune et sans autre forme de procès. Le constat de la coupure a été signalé par le service dépannage de ladite société, dont l’agent, commis avec diligence, fut surpris de constater que toutes les factures étaient réglées à temps. Au paiement de la facture suivante, le problème fut signalé. Nous avons contacté tous les services compétents avant d’abandonner, une semaine plus tard, du fait de nos occupations diverses. En attendant d’autres mesures. Seulement, trois jours avant la facture suivante, l’alimentation fut rétablie dans les mêmes conditions de discrétion.
Loin de moi l’idée d’exploiter ce créneau pour dénoncer des préjudices et dommages personnels. Si j’évoque ici ce sabotage, c’est qu’il m’a permis d’entrer en contact direct avec la réalité du fonctionnement de nos sociétés d’Etat, d’y découvrir avec étonnement les dysfonctionnements, l’incivilité, la négligence, la muflerie, l’incurie, la jactance, les abus de pouvoir. C’est qu’il m’a permis de mesurer davantage à quel point nous perdons de l’argent chaque jour que le ciel crée et pourquoi nous perdons cet argent et comment il était finalement trop simple de ne pas en perdre du tout. Du système de facturation au management en passant par les différents gaspillages d’énergie et de temps. Nous y reviendrons en détail si tel est votre souhait.
Au demeurant, quel est le recours du citoyen à faire valoir, à la fois, son droit en tant que consommateur floué et sa responsabilité en tant qu’actionnaire abusé ? Quel est son argument en tant que partie de l’Etat à continuer de subventionner un système d’arnaque et de paresse ? Nous pouvons tous engager un procès contre la SONEB, mais c’est l’histoire du serpent qui se mord par la queue. Il n’y a aucun doute que nous gagnerions en tant que consommateurs, mais qui nous paierait les dommages intérêts ? Nous-mêmes ! Voilà la question qui devrait engager davantage notre droit de regard sur les sociétés d’Etat.
Car le problème dépasse le simple cadre de la SONEB et s’étend à toutes les sociétés d’Etat. Pour ne citer que les plus en vue, la SBEE brille par son mépris de la clientèle aux guichets divers, sans compter son incapacité à gérer techniquement la crise actuelle de l’énergie. Quoi qu’ils en disent, d’énormes dommages sont causés aux appareils électroménagers et les recours semblent se confirmer inutiles. Un passage bref au guichet de Ouando à Porto-Novo ou à celui de Sègbeya à Cotonou, par exemple, y compris, après lecture de cette chronique, peut en donner la mesure.
Il y a mieux. Bénin Télécom s’est rendu maître dans l’arnaque commerciale dans toute sa plénitude. Ainsi, peut après la crise du GSM, cette société a lancé avec fanfare et trompette son produit Zekede. Une camelote chinoise vendue à prix d’or (soixante mille francs, soit plus de quatre fois le cours des appareils de même type), pour exploiter le besoin en téléphonie des Béninois. La marchandise fut vendue avec une publicité mensongère. Les possibilités de connexion internet, de fax et de conférence à plusieurs ont été vantées. Les premiers clients ont été ainsi floués sans avoir aucun de ces avantages, mais en plus, constatent avec regret qu’après trente à quarante pour cent de rabais, le prix d’achat reste trop élevé pour un machin conçu avec tellement de négligence que même la notice est truffée d’incorrections. Et maintenant, alors que le même produit est livré avec cette marge, on demande aux clients qui ont payé plus cher de payer davantage pour avoir le vrai produit pour lequel ils ont déjà investi plus cher. Mais le clou de l’affaire, c’est que le réseau fonctionne de plus en plus difficilement et que quand les postes tombent en panne, les agents vendeurs les tapent pour qu’ils reprennent, comme au bon vieux temps, avec certaines marques de transistor.

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Camille Amouro

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