Mugabé, comme Nkrumah, Sékou Touré et Castro.

{joso}Robert Mugabé, 84 ans, est sous les feux de l’actualité politique africaine et internationale depuis bientôt une dizaine d’années.Négativement s’entend!  A chaque échéance électorale depuis les années 90,  on ne parle que de tripatouillages des résultats et des mésaventures juridico-carcérales du leader de l’opposition Morgan Tsvangiraï. Tous les médias occidentaux le dépeignent sous les traits d’un dictateur sanguinaire qui a conduit  l’ancienne Rhodésie du sud,  naguère grenier de l’Afrique australe à la banqueroute.{/joso}

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{joso}Les images projetées par les télévisions du monde entier sont éloquentes et n’appellent plus aucun commentaire autre que celui de savoir comment se débarrasser de lui. Parce que Mugabé est devenu un problème non seulement pour son pays mais aussi  pour toute la sous région australe du continent qui a encore en mémoire les récents évènements du Kenya. Avec un taux d’inflation estimé, selon les dernières évaluations à plus de 100.000% et une population au bord de la famine qui ne rêve que d’émigrer vers l’Afrique du sud opulente, le Zimbabwé est devenu un cas à part et son président,  inamovible depuis l’indépendance arrachée à la Grande Bretagne et aux colons rebelles, un cas de conscience pour les démocrates africains, comme l’ont été autrefois les régimes des défunts présidents Sékou Touré de Guinée et Kwame Nrumah du Ghana et comme l’est  toujours celui des frères Castro à Cuba.
Curieux destin que celui de cet ex-guérilléro auréolé de la gloire d’avoir conduit l’ancienne colonie britannique à l’indépendance. C’était en avril 1980.L’évènement a été célébré dans le monde entier et le regretté Bob Marley l’a immortalisé  par un opus , l’un des derniers avant sa mort brutale l’année suivante. Il faut  attendre le début des années 90, avec la libération de Nelson Mandela pour connaître un évènement d’une telle charge émotionnelle et d’une telle  ampleur. En 1980 c’est toute l’Afrique  qui a communié avec Mugabé et Le Zimbabwé. Car avant Mandela, il a eu Amilcar Cabral , Agostino Neto, Samora Machel bien sûr, mais il y a eu Comrade Bob, (Robert Mugabé )  qui a déjoué tous les complots de Ian Smith ,  chef de file des colons rebelles auteurs de la proclamation unilatérale d’indépendance de la Rhodésie du sud .Il a mené avec détermination  une lutte de libération sans merci jusqu’aux accords de Lancaster House où l’ancienne puissance la Grande Bretagne a fait des promesses sur la cession des 80% des terres occupées par les colons(5% de la population ) contre le maintien du statu quo et des aides massives . Des promesses qui n’ont jamais été honorées. Au fil des ans ,  Mugabé s’est enfermé sur lui-même et son  régime  s’est durci,  devant l’entêtement des gouvernements britanniques  successifs . Comme avant lui, celui de Sékou Touré, après le retentissant NON  au référendum de de Gaule en 1958 et le départ des colons français de Guinée .Celui de Kwame Nkrumah confronté à l’hostilité de la Grande Bretagne et des Etats –Unis qui voyaient d’un mauvais œil  son panafricanisme militant et ses professions de foi socialistes. Celui de Castro qui après avoir survécu  à la Baie des cochons mais  n’a rien pu faire contre le blocus américain. Ses réussites en matière de santé et d’éducation, personne n’en parle !
Il faut rappeler toutes ces choses que la propagande occidentale et les médias sous le  contrôle des magnats de la communication mondiale occultent royalement .Pour dire que les pays occidentaux ont une large part dans  la déconfiture du Zimbabwé et les dérives inacceptables  du régime Mugabé. Lorsqu’un pouvoir révolutionnaire  est poussé jusque dans ses derniers retranchements, il ne peut que dévorer son propre peuple. L’occident capitaliste a remarquablement  pris sa revanche sur les révolutions en transformant leurs leaders en vulgaires dictateurs,  oppresseurs de leurs peuples. Il faut dénoncer et combattre avec vigueur le pouvoir despotique de Mugabé  mais il convient  de  dire haut et fort que son régime n’est  pas le pire  du monde, encore moins du continent.Il existe partout ailleurs  des dictatures  tout aussi cruelles, tout aussi inacceptables. L’Egypte qui vient d’organiser des élections locales à huis-clos en excluant la principale force d’opposition du pays, celle des frères musulmans , le Cameroun de Biya qui vient de réviser en douceur   sa constitution pour permettre à Biya de se maintenir indéfiniment au pouvoir, le Tchad de Déby –Itno qui fait disparaître ses opposants au grand jour, de même le Gabon de Bongo,  au pouvoir depuis 40 ans,  ne sont pas  des modèles de démocratie, tant s’en faut !.
Vincent FOLY{/joso}

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